Partir de Lampedusa pour une autre politique migratoire ?

Mardi 24 Décembre 2013 - 17:15

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Propositions et annonces diverses fusent en Italie pour tenter de rendre moins inhumaines les lois sur l’immigration

Les retombées du grand choc suscité par le naufrage, quasiment en direct, de plus de 300 immigrés sub-sahariens à Lampedusa, aux portes de l’Italie, en octobre dernier, n’ont pas fini de faire des vagues. Le gouvernement italien vient d’ailleurs de décider la fermeture du centre de rétention de Lampedusa qui, scandale dans le scandale, s’est placé de nouveau au cœur de l’actualité ces derniers jours, des images y montrant des scènes de mauvais traitement d’immigrés.

Un député du Parti démocratique (majorité) révolté, est allé volontairement se barricader à l’intérieur de ce centre pour y dénoncer davantage les abus. C’est lui, Khalid Chaouki, qui a confirmé les propos du vice-ministre de l’Intérieur, Filippo Bubbico : « Effectivement, le centre a commencé se vider dès mardi 24 décembre. Un premier groupe de cent “détenus” a été transféré vers Palerme », toujours en Sicile, en attendant l’examen des dossiers. Chaouki, d’origine marocaine, sort de Lampedusa écœuré : « J'ai trouvé ce que je craignais, un lieu indigne où il pleut des toits. »

Mais le problème réside aussi dans les mauvaises conditions d’accueil dans des centres surpeuplés, et pas seulement à Lampedusa. À Ponte Galeria, près de l’aéroport de Fiumicino de Rome, une dizaine d’immigrés maghrébins se sont cousus la bouche en signe de protestation et ont entamé une grève de la faim. L’onde de choc de Lampedusa conduit le gouvernement à accélérer les réformes. La ministre de l’Intégration, Cécile Kyenge-Kashetu, annonce ainsi une réduction de la durée de rétention des clandestins dans les centres de 18 à 2 mois.

Autre réforme suscitée aux forceps par le scandale Lampedusa, le gouvernement annonce qu’il va revoir de fond en comble sa politique d’octroi des crédits aux associations œuvrant pour les étrangers. Le rapport ? C’est que dans les images filmées à Lampedusa, les deux ou trois agents qu’on voit diriger un puissant jet de liquide « d’épouillage » sur des immigrés nus prétendument pour les débarrasser de la gale, relèvent d’associations qui s’étaient portées volontaires pour « l’accueil » des immigrés !

Enrico Letta, Premier ministre, a fait part de la détermination de son gouvernement à ne plus favoriser des situations de honte comme celles qui se sont succédées à Lampedusa, plaçant l’Italie au centre d’une actualité qui n’a plus souligné les efforts titanesques accomplis par le pays pour affronter seul les flux migratoires. Il a promis devant la presse de revoir totalement les conditions d'accueil des migrants et des réfugiés dès janvier. La ministre de l’Intégration, Cécile Kyenge, dit travailler de son côté à l’élaboration d’une loi européenne unique en matière de droit d’asile et d’attribution des permis de séjour aux étrangers.

Lucien Mpama