Parcours de Mohamed Abdelaziz, leader historique du Front PolisarioJeudi 2 Juin 2016 - 13:00 Alors que le peuple sahraoui se prépare pour l’inhumation du dirigeant du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, prévue pour le samedi prochain, retraçons le parcours de cet homme décédé le 31 mai à l’âge de 68 ans, qui a dirigé ce mouvement de libération pendant près de quarante ans, bref, ce qu'il était réellement. Mohamed Abdelaziz est né à Marrakech, au Maroc, en août 1947. Issue de la tribu saharaouie des Reguibi, ce futur leader nationaliste - dont la famille, originaire du Sahara occidental, s’était installée au Maroc, alors protectorat français -, a fait ses études jusqu’en 1972 à l’université de Rabat. En mai 1973, il participe à la création du Front Polisario pour mener une guérilla contre les Espagnols, en vue d’arracher l’indépendance du Sahara occidental. Son mouvement, qui se réclame du socialisme, est appuyé par l’Algérie voisine, mais aussi par certains pays du bloc communiste (Cuba, Corée du Nord, Viet Nam), ainsi que par l’Organisation de l’unité africaine (OUA), actuellement Union africaine (UA). Fort malheureusement, les Sahraouis seront surpris par le Maroc qui, en novembre 1975, lance «la marche verte » : celle-ci conduisit des dizaines de milliers de Marocains, encadrés par l’armée, de pénétrer dans le Sahara occidental. Ce territoire entier sera annexé alors que l’Espagne s’apprête à s’y retirer. Ce qui empêche le Front Polisario d’y prendre le pouvoir, mais ses dirigeants proclament la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en 1976 et Mohamed Abdelaziz en devient le président. Loin d’abandonner la lutte de libération du Sahara Occidental, Mohamed Abdelaziz va finalement diriger la guérilla contre le Maroc depuis Tindouf, une ville algérienne frontalière. En 1991, un cessez-le-feu est signé entre les deux parties, sous l’égide de l’ONU. L’année suivant, le plan des Nations unies pour un référendum d’autodétermination du Sahara Occidental est bloqué par les autorités marocaines qui militent en faveur de l’autonomie de ce territoire sous la souveraineté de leur pays. Et depuis, le Maroc n’a cessé d’investir dans le Sahara occidental tout en consolidant ses positions sur place. Une démarche qui a contraint le Front Polisario à être réduit à la frontière algérienne et de perdre sa crédibilité tant sur le plan intérieur que sur le plan international. Jusqu’à la mort de Mohamed Abdelaziz, le Front Polisario n’était reconnu ni par l’ONU, ni par la Ligue arabe, ni par la Chine et la Russie, ni aussi par aucun pays occidental. L’on sait néanmoins qu’en février 1982, ce leader réputé pour son intransigeance, avait obtenu sa première grande victoire diplomatique, lorsque l’OUA avait admis la RASD en tant que 51e membre. La brouille qui s’en était suivie avec le Royaume du Maroc avait abouti au retrait de ce pays de l’organisation panafricaine lors du sommet de Nairobi, deux ans plus tard. Notons que Mohamed Abdelaziz était apparu affaibli en février dernier, lors de la visite du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, à Tindouf.
Nestor N'Gampoula Notification:Non |