Paix et sécurité en Afrique : les missions de l’ONU mises à de rudes épreuvesMardi 26 Décembre 2017 - 15:09 Au cours des deux dernières décennies, quelque cent dix mille Casques bleus ont été déployés dans une quinzaine de pays à travers le monde sur décision du Conseil de sécurité pour tenter de ramener la paix dans certains foyers de tensions dont ceux d’Afrique. Mais ces opérations ont été confrontées à de sérieuses difficultés dans leur accomplissement. les missions de paix de l’ONU en Centrafrique, au Mali, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, en Somalie et au Rwanda ont fait face à de sérieux problèmes et les Casques bleus ont été souvent accusés de comportements coupables. Sur le sol centrafricain, par exemple, la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies en Centrafrique a succédé à la Misca (Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine). Créée le 10 avril 2014, cette mission de l’ONU est loin de garantir la paix dans un pays où les violences entre groupes armés se sont intensifiées en 2017. De plus, la réputation des Casques bleus a été sévèrement mise à mal par une série d’accusations d’abus sexuels. La Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies au Mali (Minusma), créée le 25 avril 2013 par la résolution 2100 du Conseil de sécurité, qui avait pris le relais de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (Misma) à partir du 1er juillet de la même année, a été l’opération la plus meurtrière en 2017. Cette mission, soutenue par la force française Barkhane ayant vocation d’intervenir dans plusieurs pays, peine également à garantir la paix alors qu’elle a perdu cent quarante-neuf Casques depuis 2013. S’agissant de la plus importante et coûteuse mission des Nations unies, celle déployée en République démocratique du Congo, qui dispose de quelque vingt et un mille personnes dont seize mille militaires, a du mal à redonner espoir de paix dans la partie est du pays. Certains représentants de la société civile dans ce pays estiment que cette difficulté s’explique en partie au fait que les soldats de l’ONU « ne sont pas assez actifs contre les groupes armés qui agissent en toute impunité dans le Kasai ». Pour ce qui est du Soudan du Sud, même si l’ONU a renouvelé, le 15 décembre, la mission de sa force dans ce pays en guerre pour seulement trois mois, afin de pousser à une relance du processus de paix et finir une évaluation de sa présence sur place, il faut dire que la paix y est encore loin d’être rétablie. En témoigne la résurgence des combats, ces dernières semaines, opposant les partisans de l’ex-vice-président Riek Machar et à ceux de l’actuel président, Salva Kiir. En juillet 2016, les Casques bleus de l’ONU avaient abandonné leurs postes lors des affrontements entre les deux camps. Des humanitaires appelèrent la mission onusienne à l’aide, mais en vain. Résultat : le commandant kényan de la force a été démis de ses fonctions après un rapport concluant à l’absence de protection des civils. En Somalie, plus précisément de 1992 à 1993, plusieurs missions de l’ONU ont connu des fortunes diverses. Deux ans plus tard, soit en1995, après plusieurs échecs, les derniers Casques bleus quittèrent le pays. Aujourd’hui, malgré la présence des troupes africaines et les frappes américaines contre les djihadistes, la Somalie semble être toujours à la merci des forces terroristes. Parlons aussi du Rwanda où quelque deux mille trois cents Casques bleus d’une mission d’interposition, déployés à l’automne 1993, avaient été retirés du pays en avril 1994 après l’assassinat de dix d’entre eux, des Belges. Un génocide a pourtant débuté et fait jusqu’en juillet 1994 environ huit cent mille morts parmi la minorité tutsie et chez les Hutus modérés.
Nestor N'Gampoula Notification:Non |