Paix et sécurité : des sanctions envisagées contre les belligérants sud-soudanaisLundi 29 Janvier 2018 - 14:00 Le président de la commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, a dénoncé le 28 janvier, dans un discours à l’ouverture du 30e sommet de l'organisation continentale, la « cruauté incompréhensible » au Soudan du Sud et souligné que « le moment est venu » d’imposer des sanctions contre ceux qui entravent les efforts de paix. Le diplomate tchadien a décrié « la violence insensible » des belligérants dans le conflit qui oppose les partisans de l’ancien vice-président, Riek Machar, et ceux de l’actuel chef de l’Etat, Salva Kiir, qui s’est déjà soldée par des dizaines de milliers de morts. Présent au sommet de l’organisation panafricaine qui se tient à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a assuré que les Nations unies soutiendraient « n’importe quelle initiative africaine pour une plus robuste réponse ». Si « la cessation des hostilités (...) n’est pas respectée, nous sommes tous d’accord qu’il faudra des mesures plus fortes pour garantir ce respect », a-t-il déclaré à la presse. « Ce sera naturellement à l’Igad elle-même de prendre l’initiative », a-t-il précisé, évoquant une réunion à huis clos, le 27 janvier, du Conseil de paix et de sécurité de l’UA. Le gouvernement sud-soudanais, par la voix de son ministre en charge du suivi de l’accord de paix, Martin Elia Lomora, a aussitôt réagi à l’annonce de ces sanctions, soulignant qu’elles « ne peuvent pas être imposées sans raison ». Il a soutenu que les événements rapportés au sujet de son pays dans la presse, « ne correspondent pas à la réalité sur le terrain ». L’UA a évoqué des sanctions contre Juba après que les Etats-Unis ont appelé, le 24 janvier, aux Nations unies à l’imposition d’un embargo international sur les armes au Soudan du Sud. Pour Washington, ces sanctions sont nécessaires, parce que le gouvernement du président Salva Kiir « prouve de plus en plus qu’il est un partenaire inapte » à mener les efforts de paix pour la plus jeune nation du monde. Les dirigeants africains semblent être tous unanimes sur les sanctions à imposer à Juba, puisque nombre d’observateurs considèrent que les dirigeants sud-soudanais sont responsables de la descente aux enfers de leur pays. C’est, d’ailleurs, ce que soutient aussi l’ancien président du Botswana, Festus Mogae, président de la Commission de surveillance et d’évaluation de l’accord de paix d’août 2015 au Soudan du Sud. Il a appelé l’organisation régionale Igad, qui avait supervisé la signature du cessez-le-feu du 24 décembre, à établir des conséquences claires pour ceux qui ne respectent pas les efforts de paix. « Il est maintenant temps de revoir l’éventail de mesures qui peuvent être prises (...) contre ceux qui refusent de prendre ce processus au sérieux », a déclaré Festus Mogae lors d’une réunion avec l’Igad en marge du sommet de l’UA. L’ONU estime que la guerre au Soudan du Sud, un pays né en 2011 sous les auspices de Washington, a déjà fait près de quatre millions de déplacés et provoqué une crise humanitaire catastrophique.
Nestor N'Gampoula Notification:Non |