Numéro spécial Francophonie : Le français, une langue mondiale en recul en Europe

Lundi 17 Novembre 2014 - 16:30

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Le français a connu ces quatre dernières années un déclin en Europe. Mais pendant la même période, il a progressé de 7% au niveau mondial, notamment grâce à l’Afrique et à la Chine

Selon l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), le nombre de francophones à travers le monde a progressé de 7% depuis 2010, ce qui fait de la langue de Molière l’une des langues qui connaissent la plus forte progression dans le monde actuellement.

Des résultats qui tordent le cou au mythe de la langue française en déclin, a déclaré la responsable de la division de la langue française à l’OIF, Imma Tor. Le recours à la langue française sur tous les continents et son usage à travers tous les secteurs économiques et segments de la société en font la seule langue, avec l’anglais, qui présente les caractéristiques d’une langue mondiale, d’après Imma Tor.

Le français subit un recul en Europe…

Le français est la deuxième langue la plus parlée en Europe, après l’anglais, et la plus apprise à travers le monde, malgré son positionnement fort sur la scène internationale. La tendance du français en Europe connaît un recul depuis 2010. En effet le nombre de locuteurs en Europe a chuté de 8%. Si le français reste la langue la plus enseignée dans les régions non francophones de Belgique, du Luxembourg et de Suisse, ailleurs, son apprentissage est en recul.

En Allemagne, le français reste la deuxième langue étrangère la plus enseignée. Cependant, il souffre de sa réputation d’être difficile à apprendre et doit faire face à la montée en popularité d’autres langues, comme l’espagnol, selon les auteurs du dernier rapport « La langue française dans le monde ». Dans les écoles autrichiennes, par exemple, l’italien a supplanté le français comme deuxième langue étrangère enseignée.

En effet, ce déclin du nombre de francophones européens tend à montrer les difficultés du français à percer sur internet et dans les publications scientifiques. Dans ces domaines notamment, le rapport révèle que le français éprouve des difficultés à garder son rythme face à l’anglais qui est de plus en plus utilisé en tant que langue universelle.

L’anglais, future langue de travail unique au sein de l’UE ?

La pratique de plusieurs langues européennes est devenue essentielle pour postuler aux hautes fonctions, car elle peut faire la différence. Tous les patrons des structures européennes sont polyglottes. Les trois langues de travail sont l’anglais, le français et l’allemand. Mais ces dernières années, on a constaté un recul du nombre de textes rédigés directement en français au sein de la Commission.

L’ancien Administrateur général honoraire de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie (AIF) devenue OIF, Roger Dehaybe, parle d’état « catastrophique » de la langue française au sein des institutions de l’UE. Seuls 12% des textes de l’UE sont produits en français bien que la majorité des fonctionnaires soient originaires de pays membres de l’OIF, souligne-t-il. L’UE étant parvenue à introduire une monnaie unique, il craint que cela soit le cas pour une « langue de travail unique » et s’alarme de ses conséquences désastreuses pour l’avenir de la langue française dans le monde.

… alors qu’il connaît une forte progression en Afrique

Depuis 2010, le nombre de francophones a augmenté de 15% en Afrique. Bien que langue importée, le français n’est pas une langue étrangère en Afrique, note Imma Tor. C’est la langue de tous les marchés du travail locaux, qui a endossé une importance vitale pour le commerce international. Et les hautes performances des économies subsahariennes de ces dernières années ont fait du français une langue de travail dans le continent, et même au-delà. Le français est devenu une langue de choix pour commercer avec les investisseurs chinois et dans les milieux africains du business. Il est aussi devenu la troisième langue la plus apprise en Chine, après l’anglais et le russe.

L’OIF, une organisation à deux vitesses ?

Au sein de l’OIF, le français n’est plus la seule langue utilisée lors des débats, rappelle Roger Dehaybe, à cause ou grâce à l’adhésion massive de pays parfois venus d’autres obédiences. Pour faire de l’OIF un outil plus efficace pour la protection de la langue française, Roger Dehaybe propose la création d’« instances » ou de cercles au sein même de l’organisation et qui dépendraient des « situations linguistiques spécifiques des pays ».

Noël Ndong