Mortalité infantile : des interventions à haut impact pour lutter contre la malnutritionLundi 12 Mars 2018 - 15:00 L’allaitement exclusif jusqu’à l’âge de six mois, la consultation prénatale pour la femme enceinte, l’alimentation du nourrisson, dormir sous la moustiquaire imprégnée, la consultation préscolaire sont autant d’actions à promouvoir pour combattre la maladie.
Citée parmi les principales causes de mortalité infantile en RDC à coté notamment du paludisme, la malnutrition constitue une véritable menace quant à la croissance et au développement de l’enfant. Selon des récentes données, l’Unicef estime qu’en 2017, six millions d’enfants de moins de 5 ans dans le pays ont souffert de la malnutrition chronique ou retard de croissance. Parmi lesquels 1,9 million atteints de la malnutrition aiguë sévère et 1,5 million de la malnutrition aiguë modérée. Malgré les statistiques alarmantes sur cette maladie, il est possible de la prévenir par des interventions à haut impact et à faible coût. Au cours d’un entretien avec Le Courrier de Kinshasa, le Dr Toussaint Tusuku, du Programme national de nutrition (Pronanut), et le Dr Annie Mitelezi de l’Unicef, ont expliqué les bienfaits de ces interventions sur la santé de l’enfant. Les interventions à haut impact dans le domaine de la nutrition, commente le Dr Tusuku, sont celles qui ont fait des preuves. « Ce sont des interventions pour lesquelles on a eu le temps de mener des études et aujourd’hui elles donnent de bons résultats », a-t-il rassuré. Pour cet expert en nutrition, l’accent est plus mis sur les mille premiers jours de l’enfant, il s’agit de la période qui va de la conception jusqu’ à l’âge de deux ans. Ces interventions à haut impact commencent d’abord par la femme enceinte. « Quand une femme est enceinte, elle doit manger un repas supplémentaire par rapport à son régime habituel pour permettre le développement de l’enfant ; elle doit dormir sous la moustiquaire imprégnée ; aller à la consultation prénatale (CPN) pour un bon suivi de la grossesse et le pronostic de l’accouchement ; prendre le fer et l’acide folique pendant quatre mois avant l’accouchement ; boire beaucoup d’eau au moins un litre et demi à deux litres par jour. Il lui est interdit de prendre l’alcool et le tabac et doit travailler moins. », a conseillé le Dr Tusuku. Après l’accouchement, a-t-il recommandé, la femme doit mettre son bébé au sein dans l’heure qui suit pour que « l’enfant bénéficie du premier lait maternel qui est jaunâtre et qui le protège contre les infections. Ce premier lait est considéré comme le premier vaccin qu’on administre à l’enfant ». Jusqu’à l’âge de six mois, l’enfant doit être exclusivement allaité au sein. Rien ne doit être ajouté à son régime alimentaire, même pas de l’eau. Après l’âge de six mois, a précisé l’expert du Pronanut, le lait maternel ne suffit plus. L’enfant doit alors bénéficier d’une alimentation complémentaire appelée "Alimentation de complément à quatre étoiles". « C’est un mélange d’aliments qui apportent à l’enfant le nécessaire pour sa croissance. Il y a une alimentation de base. Il faut ajouter à cette alimentation des aliments d’origine protéique, soit animale ou végétale, les légumes, les fruits, parce qu’ils donnent des vitamines et des sels minéraux », a-t-il poursuivi. À entendre le Dr Tusuku, la femme allaitante doit aussi veiller sur sa santé. Pour ce faire, a-t-il conseillé, elle doit consommer deux repas supplémentaires par rapport à son régime avant la grossesse et continuer à prendre le fer et l’acide folique trois mois après l’accouchement, boire beaucoup d’eau, avoir une alimentation avec beaucoup de potage, de fruits et de légumes. Elle doit éviter le tabac et la drogue. Il lui est aussi recommandé d’avoir beaucoup de repos et de bonnes conditions d’hygiène. Intervention de l‘Unicef Selon le Dr Annie Mitelezi, experte en nutrition à l’Unicef /RDC, son institution appuie le gouvernement à travers son programme spécialisé, le Pronanut, à édicter les normes pour appliquer les interventions à haut impact à travers les structures de santé et dans la communauté. L’agence onusienne aide aussi le gouvernement dans la formation des prestataires qui apprennent à accompagner les parents pour une bonne nutrition de leurs enfants. C’est dans ce but que l’Unicef met à leur disposition des matériels, y compris le financement pour organiser ces formations et pour élaborer les documents normatifs. Le Dr Annie a insisté sur l’importance des mille premiers jours dans la vie de l’enfant. Pour elle, cette période est une fenêtre d’opportunité. « C’est pendant les mille premiers jours qui vont du début de la grossesse jusqu’à l’âge de deux ans qu’on doit tout faire pour aider l’enfant à ne pas tomber dans la malnutrition, car il y a la malnutrition chronique qui est irréversible. », a-t-elle prévenu. Si cette malnutrition s’installe, a-t-elle fait savoir, c’est durant cette période qu’on peut récupérer l’enfant. « C’est une période au cours de laquelle le cerveau de l’enfant se forme, se constitue. La formation du cerveau s’arrête à deux ans. C’est le coefficient intellectuel qui se forme. Si le coefficient intellectuel n’est pas bien formé jusqu’à deux ans, on aura un tonneau vide, une personne qui ne sera pas utile à la société et qui va tirer le pays vers le bas », a fait remarquer le Dr Annie Mitelezi. Aline Nzuzi Légendes et crédits photo :Il est recommandé de donner aussi des fruits à l'enfant après l'age de six mois Notification:Non |