Modernisation du pays : « Les architectes et urbanistes congolais sont prêts à accompagner le gouvernement »Samedi 11 Juillet 2015 - 14:47 Cette déclaration a été faite le 10 juillet par le Dr Edouard Ignace Nsatou, lors d’une interview accordée aux Dépêches de Brazzaville, en sa qualité de responsable de l’Agence d’architecture et d’urbanisme conception et réalisation des projets et bâtiments (AGEAU). Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : Quelles sont les missions d’une Agence d’architecture et d’urbanisme comme la vôtre ? Edouard Ignace Nsatou (EIN) : Les missions dévolues aux architectes-urbanistes sont doubles, notamment la construction des maisons, de la ville et de l’habitat mais aussi d’embellir l’image d’une ville si cette dernière a une configuration quelque peu déplorable. LDB : Ces deux disciplines qui sont intimement liées nécessitent-elles un cursus bien précis ou peuvent d’emblée être apprises sur le tas ? Votre commentaire. E.I.N : L’architecture et l’urbanisme sont étroitement liés parce qu’un architecte ne pourra pas travailler sans l’apport d’un urbaniste et vice-versa. Ainsi pour avoir la « qualité » d’architecte, il faut être titulaire d’un diplôme en architecture, avoir un cursus bien détaillé qui nécessite une formation de cinq à huit ans dans les universités assermentées après le bac. Cette formation sera par la suite sanctionnée par un diplôme qui équivaut au doctorat. On peut aussi apprendre sur le tas mais on ne deviendra jamais architecte-urbaniste professionnel, plutôt « dessinateur » en bâtiment ou collaborateur d’architecte. LDB : De l’avis de nombreux observateurs à Pointe-Noire, une zone marécageuse a toujours posé problème aux architectes que vous êtes lorsque les maisons sont surtout à étages ? Votre avis. E.I.N : Oui Pointe-Noire est une ville bâtie sur une zone marécageuse, car la plupart des quartiers ont été remblayés surtout ceux qui se situent en lisière de la côte. Une étude préalable du sol serait nécessaire en vue de déterminer l’assise d’une maison, les types de fondations ou de soubassements. Les maisons R+1 ne nécessitent pas un soubassement approprié, par contre des maisons allant jusqu’à dix étages nécessitent une érudition du sol afin que la maison soit bien posée sur un socle unique conformément au calcul du béton armé. Ce socle, appelé radié intégral, est susceptible de recevoir toutes les charges d’une maison de huit, neuf ou dix niveaux. Dans cette ville des architectes devraient se recourir au B.C.B.T.P qui a la mission de réaliser les sondages de terrains à partir desquels l’on pourra déterminer le type de fondation qu’il faudra adapter pour la construction. LDB : Pouvez-vous nous édifier sur les prérogatives exactes de l'urbaniste et de l’architecte, lorsqu'il s'agit de l’aménagement progressif et la reconstruction programmée d’une ville ? E.I.N : Ces deux spécialités s’imbriquent et doivent normalement aller de paire. Mais selon la phase d’études, c’est d’abord l’urbaniste qui dicte les grandes lignes de l’évolution de la ville. C’est lui qui oriente les principales zones de la ville. Par exemple les zones résidentielles, les zones des marchés, des écoles, des hôpitaux, et autres conformément à l’aménagement des principales artères de la ville, ensuite l’architecte interviendra pour édifier et mettre les bâtiments appropriés. LDB : Nombreux sont des ponténegrins qui jettent l’anathème sur des architectes, urbanistes et des services cadastraux, car disent-ils la ville est quelque peu mal tracée. Votre réaction. E.I.N : Vous venez de poser, une problématique assez complexe parce que beaucoup d’acteurs entrent en jeux dans la construction d’une ville. Or le constat est qu’en dehors des urbanistes et architectes, il y a malheureusement chez nous les propriétaires fonciers qui souvent « interviennent » sans obéir au plan directeur de construction de la ville programmé par les services urbains de la mairie. LDB : Quels sont vos rapports avec les ministères en charge de l’Aménagement du territoire, et celui de l’Urbanisme et de l’habitat surtout en cette période où l’urbanisation des départements du pays est à l’ordre du jour ? E.I.N : C’est l’occasion de dire que des bureaux d’études desdits ministères à l’instar du B.C.B.T.P et du B.E.B.A.T.P devraient valoriser les agences nationales d’architecture et d’urbanisme, car cela fera que l’économie nationale puisse prospérer, au lieu que ça soit exclusivement que des entreprises privées étrangères qui bénéficient de ces marchés et de ces offres d’appels. D’où le souhait que l’Etat puisse avoir un regard assez particulier pour améliorer la situation des architectes urbanistes nationaux.
Propos recueillis par Faustin Akono Légendes et crédits photo :Photo Adiac: Edouard Ignace Nsatou répondant aux questions du journaliste Notification:Non |