Médias : Télé Congo à l'heure de la "confession publique"Samedi 7 Novembre 2015 - 11:30 Soucieuse de répondre aux attentes du public de plus en plus critiques et exigeant face à ses programmes jugés « pauvres », la télévision nationale congolaise a choisi d’organiser, le vendredi 5 novembre, un colloque qui a réuni plusieurs acteurs du secteur pour imaginer des pistes capables de dynamiser son contenu et la réconcilier avec ce même public.
Placé sous le patronage du ministre de tutelle, Thierry Moungalla, le colloque a pu non seulement poser les balises, pour remédier à la caducité de ses programmes, à travers des recommandations ciblées, mais également réfléchir à ce que doit être une télévision à l’heure où les TIC deviennent indissociables des sources de production d’information. « Cet état de fait est une réalité mondiale qui n’a pas épargné la télévision au Congo. Le niveau d’exigence des téléspectateurs a augmenté ici comme ailleurs », a reconnu le ministre de la Communication et des médias qui estime que « cette mutation, si elle n’est pas assumée et maîtrisée, risque de marginaliser Télé-Congo, mais aussi, même dans une mesure moindre, ses cousines plus jeunes du paysage télévisuel national ». Dans la perspective de cette réflexion collective, ponctuée par des exposés suivis des débats, les multiples interventions, parfois des plaintes, ont globalement fustigé l’absence de concertation, de formation adéquate et des moyens financiers nécessaires destinés à la production de contenus diversifiés. Des émissions et un journal télévisé critiqués La recherche d’un cadre de consensus pour rehausser le niveau de Télé-Congo a été acceptée par tous, mais il faut indexer ce qui blesse. Jean Obambi, directeur général de la télévision nationale, a Ancien présentateur du journal télévisé et directeur de la presse présidentielle, Joseph Bitala Bitemo s’est appesanti sur le « 20 heures ». « Nous constatons que le Journal télévisé est pauvre parce qu’en amont il y a un problème de culture. Il faut qu’après les activités du chef de l’État, passer à quelque chose de plus proche des populations. Les reportages sont trop longs. Et ce n’est pas en prononçant des formules alambiquées que vous êtes un bon journaliste ». Comment faire alors ? Bertin Ossendza, l’une des anciennes vedettes du 20 heures, apporte sa thérapie : « Il faut que le journal soit dynamique. Prenons le temps de nous faire d’abord et de vendre ensuite l’image de la maison. À notre époque, l’excellence était motivée par une concurrence intellectuelle ». Ovationné après son intervention, Guy Noel Sam, enseignant retraité de Journalisme à l’Université Marien Ngouabi, et ancien directeur général de la radio et de la télévision nationale, a plaidé pour la « rigueur » et le « parrainage » des jeunes. Dénonçant le laxisme à la chaîne publique, il a souhaité la mise en place des normes, ou procédures, « afin de savoir qui fait quoi ». Mais, pour y arriver il faut des moyens. Dieudonné Moussala, président de l’association des consommateurs congolais évoque la redevance audiovisuelle, une taxe qui est payée par les consommateurs à travers les factures de la Société nationale de l’électricité. Elle est une ressource financière non négligeable pour cette chaîne qui en manque. « À ce jour Télé-Congo a plus de 7 milliards de FCFA qui sommeillent dans les caisses du Trésor public. Où va cet argent ? Pourquoi les responsables du ministère des Finances ne sont-ils pas ici pour nous éclairer ? », s’est-il interrogé. Un Conseil des programmes est exigé La mise en place des programmes « fédérateurs et diversifiés », ainsi que l’a souhaité le ministre Thierry Moungalla, devra se faire après réflexion. Les participants au colloque ont recommandé, pour ce faire, l’installation d’un conseil des programmes et la création d’un Comité de suivi des programmes. Ils se sont accordés pour diversifier la grille des programmes en tenant compte de toutes les couches sociales en commençant par la création des émissions spécifiques selon les domaines. Les participants ont par ailleurs souhaité la mise en place d’une structure interne de formation et d’échange d’expériences pour les réalisateurs et d’un comité de rédaction de projet à soumettre au Conseil international des radios télévisions d’expression française (Cirtef). Le colloque a recommandé la création d’une 2ème chaîne de télévision. Télé-Congo a garanti promouvoir les débats contradictoires dans ses programmes et veiller à une programmation professionnelle des pages spéciales et des publicités. La création d’un site internet pour créer une analogie avec les médias électroniques fait partie des recommandations essentielles.
Quentin Loubou Légendes et crédits photo :Jean Obambi, DG de télé-Congo pendant son intervention devant le ministre Thierry Moungalla et Philippe Mvouo, président du Conseil Supérieur de la liberté de communication
une vue des participants au colloque Notification:Non |