Médias : près de cent vingt violations contre les journalistes en 2013

Mardi 10 Décembre 2013 - 17:15

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Dans ce rapport de la FFJ sur l’atteinte à la liberté de la presse en RDC pour l’année finissante,  l'Ong a noté deux assassinats dont un par pendaison.

L’ONG de défense et de promotion de la liberté de la presse, Freedom for journalist (FFJ) a documenté, pour l’année 2013, cent dix neuf cas d’atteinte à la liberté de la presse, toutes les typologies confondues. Dans une publication faite le 10 décembre, à l’occasion de la journée internationale de la Déclaration universelle des droits de l’homme, et qui précède la présentation du rapport 2013 annoncé pour les prochains jours, cette organisation a noté une baisse de 36,3% par rapport à l’année 2012 au cours de laquelle elle a relevé cent quatre-vingt cinq cas d’atteinte à la liberté de la presse. « Cette baisse des cas d’atteinte au droit d’informer et d’être informé ne veut nullement cependant signifier que les prédateurs ont bien été plus cléments envers les professionnels des médias. Ils ont plutôt réussi à faire taire les journalistes, contraints de recourir à la censure et ou à l’autocensure », a souligné le Directeur exécutif de FFJ, Désiré-Israël Kazadi.

Dans son rapport, FFJ a noté que pour cette année, l’Équateur vient en tête avec trente cas. Alors que la ville de Kinshasa et la province du Nord Kivu sont ex-aequo avec vingt neuf cas, la province du Katanga avec sept cas, le Maniema avec six cas, ex-æquo avec la province orientale, le Kasaï occidental avec six cas, le Sud-Kivu avec deux cas même nombre de cas avec le Bas-Congo. Le Kasaï-Oriental et le Bandundu ont enregistré chacun un cas. « FFJ tient à préciser qu’il s’agit des chiffres transmis à sa Direction par ses correspondants en provinces », a appuyé le chairman de cette organisation.

Par contre FFJ a constaté, pour l’année 2013, que les prédateurs de la liberté de la presse ont opté pour une originalité. C’est celle d’enlever et, à l’extrême, d’assassiner. « La plupart des journalistes de l’Est, principalement, ceux du Nord-Kivu et de la Province orientale sont sur un véritable chemin de la croix. Ils sont enlevés et, au pire, assassinés, comme c’est le cas de Guylain Chanjaro », a soutenu Désiré-Israël Kazadi. Il se dégage en outre, aux yeux de FFJ, a-t-il poursuivi, que la partie Est de la RDC a ressemblé au Kidal malien où l’on enlève et l’on tue. Très exactement comme le font les rebelles Touareg du Mouvement national pour la libération de l’Azawad. « Ces actes d’enlèvement ont été, pour la plupart de fois, le fait des rebelles du M23, d’autres groupes armés et quelques fois, le fait de certains détenteurs de la puissance publique. C’est grave », a-t-il déploré.

L’ONG a également fait observer que dans les provinces, les gouverneurs se sont illustrés par des actes de séquestration des journalistes pour rien. « Ils sont passés maîtres dans les intimidations contraignant, par ce fait, les journalistes non seulement à recourir à la censure et à l’autocensure mais aussi, pour sauver la peau, à quitter carrément la juridiction par peur d’arrestation ou de représailles, le gouverneur du Nord-Kivu en tête », a souligné l’ONG.

Au chapitre des violations par ordre de chiffres, FFJ a noté que les menaces et les harcèlements viennent en première position, suivies de pressions économiques, administratives et judiciaires, puis des cas d’incarcération, des tortures et maltraitances, des cas de disparition et retrouvailles, des cas d’emprisonnement, interpellations et agressions qui sont en ex-æquo. « Enfin, l’entrave à la libre circulation de l’information et des cas de journaliste assassiné ont bien été faibles tout au long de l’année 2013 », a précisé l’ONG.

Alors qu’au chapitre du cadre légal, FFJ a noté une volonté délibérée des dirigeants à ne pas favoriser un exercice libre du métier d’informer. À l’exemple de la loi portant accès à l’information publique non existante, la loi sur la liberté de la presse gardant toujours ses dispositions liberticides en dépit du lobbying des organisations professionnelles des médias. Tandis qu’au plan de la justice, l’ONG a relevé que le journaliste n’a pas de suffisante marge de manœuvres pour se défendre, parce que sans moyens pour prendre en charge un avocat et autres frais de justice. « FFJ a, depuis début octobre 2013, lancé, à travers un échantillon de rédactions de Kinshasa, une campagne d’assistance judiciaire gratuite au profit du journaliste et d’autres professionnels des médias évoluant sur le territoire de la RDC », a affirmé Désiré-Israël Kazadi.

Des actions pour tous

Devant ces réalités, FFJ a demandé au Président de la République, notamment de concourir à l’évacuation du journaliste Patrick Palata, condamné à vingt ans de prison ferme par la justice militaire, pour des soins de santé appropriés. Et, de contribuer, en qualité de magistrat suprême, au transfert des journalistes Fortunat Kasonga et John Mpoyi, devant leur juge naturel, à défaut d’obtenir leur relaxation.

Le Parlement a été exhorté à accélérer le processus d’adoption de la loi portant accès à l’information publique, d’inscrire un débat sur la loi générale sur l’exercice de la liberté de la presse telle que revue et corrigée en vue d’en extirper des dispositions liberticides, et de prendre une loi portant dépénalisation des délits de presse.

Le gouvernement a été appelé de faire cesser l’incursion des gouverneurs de province dans la sphère des médias; en faisant arrêter, bastonner, et emprisonner les journalistes et en faisant harceler les médias. Et, demander aux gouverneurs des provinces d’assurer la protection aux journalistes et aux médias sous leur juridiction en conformité avec la toute récente résolution des Nations unies portant protection de journalistes. L’ONG l’a également exhorté à diligenter une enquête en vue retrouver les prédateurs de la liberté de la liberté passés maîtres dans l’enlèvement et l’assassinat des journalistes; et de faire cesser la rafle opérée sur les colporteurs de journaux, un segment de la société couvert pourtant par la loi sur l’exercice de la liberté de la presse, et de procéder, au nom de la cohésion nationale, à la réouverture de Canal Futur Télévision et de Radio Lisanga Télévision, deux médias proches de l’opposition.

Les journalistes et à l’ensemble de la profession ont été conseillés de rester attachés aux valeurs cardinales contenues dans le Code d’éthique et de déontologie.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Le directeur exécutif de FFJ, Désiré-Israël Kazadi.