Lutte contre l’épidémie de rage à Pointe-Noire : les captures de chiens errants et la vaccination d’animaux de compagnie se poursuivent

Mardi 24 Décembre 2013 - 14:30

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Assurée par les agents de la sécurité civile, l’opération capture des chiens errants, qui avait été suspendue huit jours après son lancement  le 29 novembre, a repris ce 24 décembre. Celle de la vaccination des chiens et autres animaux de compagnie se déroule normalement à la direction départementale de l’Élevage de Pointe-Noire depuis son lancement au mois d’octobre. Par ailleurs le nombre de personnes mordues par des chiens ne cesse d’augmenter

L’épidémie de rage sévit à Pointe-Noire depuis août dernier, mois pendant lequel les premiers cas ont été enregistrés. Les statistiques fournies le 20 décembre par le secteur opérationnel des grandes endémies, structure qui prend en charge les personnes mordues, ont révélé que neuf décès avaient été enregistrés ; 434 personnes ont été mordues par des chiens et une personne par un chat à Pointe-Noire, une personne a été mordue dans le département du Kouilou. Ce qui fait un total de 436 victimes, soit 250 hommes et 186 femmes. Parmi elles, on compte 195 enfants de 0 à 15 ans. Pour ce qui est de leur provenance, on note que la circonscription socio-sanitaire 4 (CSS4), donc  l’arrondissement 4 Loandjili,  arrive en tête avec 182 cas, suivi de la CSS 3 (Tié-Tié) avec 164 cas, puis la CSS1 (Émery-Patrice Lumumba) avec 72 cas, la CSS 2 (Mvou-Mvou) arrive en dernière position avec 17 cas.

Ainsi de 251 cas de morsures (145 hommes et 106  femmes, dont 107 sont des enfants âgés de zéro à 15 ans) enregistrés au total à la date du 26 novembre dernier, les statistiques sont passées à 436 cas de morsures. Ce qui signifie qu’en l’espace de trois semaines, 185 personnes ont encore été mordues. En revanche, un seul cas de décès a été enregistré du 26 novembre au 20 décembre. Une preuve que la sensibilisation sur l’épidémie est effective dans la ville.

L’opération capture des chiens errants est une activité multisectorielle qui concerne, entre autres, les ministères de la Santé et de l’Élevage, le service agropastoral de la mairie et la sécurité civile. Elle a été entre temps suspendue en raison du manque de moyens. « Il s’agit de moyens matériels pour attraper les chiens et aussi de moyens pour motiver les équipes qui sont sur le terrain », a indiqué un des acteurs de ladite opération. S’agissant du matériel, les équipes ont reçu, le 21décembre, des fusils hypodermiques dont la commande a été faite par la mairie pour faciliter leur travail.

Ce matériel plus approprié que les filets utilisés avant (et qui présentent beaucoup de risques pour les membres des équipes) vont permettre d’accélérer l’opération, comme l’a expliqué le colonel Cyprien Ngouala, directeur départemental de la Sécurité civile : «  Pour un groupe de cinq chiens, par exemple, avec le filet on n'en attrape qu’un seul , alors qu’avec le fusil, on peut tous les attraper. Ce nouveau matériel va nous permettre de réaliser rapidement  l’opération. » Pendant la première phase de ladite opération qui a duré huit jours, 197 chiens au total ont été capturés. Ce qui a permis de réduire le nombre de chiens errants dans la ville. Cependant les populations restent exposées, car un nombre encore important de chiens errent toujours dans les quartiers. Raison pour laquelle la semaine dernière, plus de vingt cas de morsures de chien ont encore été enregistrés au secteur opérationnel des grandes endémies.

Des ruptures de vaccins encores constatées

Cette structure (secteur opérationnel) située dans l’enceinte du centre de l’hygiène publique est actuellement la seule à prendre en charge les personnes mordues. Cela du fait que pour faire face à l’épidémie de la rage, un centre antirabique y a été créé. La prise en charge s’avère effective, d’après le docteur Joseph Ngala, médecin-chef du secteur opérationnel. Toutefois des ruptures de vaccins ont été constatées : « Nous recevons des stocks de vaccins venant de partenaires comme la mairie de Pointe-Noire, le ministère de la Santé, l’OMS. Mais des ruptures momentanées de vaccins sont toujours enregistrées, et nous ne disposons actuellement que de cinquante doses de vaccins alors qu’il  nous en faut au moins 3 000 », a signalé le docteur.

La rage, une maladie réputée dangereuse, est provoquée chez l'homme par la morsure d’animaux non vaccinés et infestés (chien, chat, singe…) par le virus de la rage qui se transmet par la salive. Ce qui veut dire qu’il ya risque d’être infecté même lorsqu’on a seulement été léché ou griffé par un chien. C'est pour cela que la prise en charge se fait en trois catégories : léchage, griffures, plaies (morsures).  En outre, le docteur joseph Ngala a exhorté ceux qui sont suivis à respecter les dates de prise des doses nécessaires. « Il y a des gens qui après avoir eu la première ou la deuxième dose disparaissent ou se présentent après la date fixée pour la prochaine dose. Ce n’est pas parce qu’ils se sentent bien qu’ils doivent se dire que tout est résolu. Pour être totalement épargnés, ils doivent recevoir les cinq doses », a-t-il dit.

Du côté de la santé animale, les résultats des prélèvements se sont avérés positifs. Pour ce qui concerne la santé humaine, les résultats des prélèvements sont toujours attendus. Ce qui fait qu’on parle encore de suspicion de la rage chez l’homme. « Nous parlons de suspicion de la rage en attendant d’avoir ces résultats qui confirmeront de la présence ou non de l’épidémie de la rage actuellement chez les personnes», a expliqué Jean-Pierre Michel Dzondault, directeur départemental de la Santé de la ville océane.

Bientôt la mise en place de points de vaccination de chiens dans les arrondissements

La vaccination des chiens se déroule tous les jours ouvrables. Selon la direction départementale de l’Élevage de Pointe-Noire, elle se poursuivra  jusqu’à ce que tous les chiens de la ville soient vaccinés. Et ne sont aptes à être vaccinés que les chiens en bonne santé. Ceux souffrant d’une maladie quelconque doivent d’abord être soignés avant que le vaccin leur soit administré. Par contre, les chiens présentant des symptômes de la rage sont directement mis en observation pendant 15 jours, comme l’a expliqué un agent de la direction départementale de l’Élevage : « Pendant cette période d’observation, si le chien est enragé il meurt au bout de 4 à 7 jours. S’il dépasse la période d’observation, nous lançons  une série de visites qui permettront de déterminer son état clinique. »

Depuis le lancement de l’opération en octobre dernier, 500 chiens ont été vaccinés dans les cabinets vétérinaires privés de la place, et plus de 200 à la direction départementale de l’Élevage, soit un total de plus de 700 chiens vaccinés. Tenant compte du nombre important de la population canine de la ville, cette direction prévoit la décentralisation des points de vaccination. Il sera donc mis en place dans les jours qui viennent un site fixe et un site mobile dans chaque arrondissement. Outre les chiens, les autres animaux de compagnie (chat, singe…) sont aussi concernés, car  ils peuvent aussi transmettre le virus de la rage s’ils sont infectés.

L’opération vaccination des chiens lancée dans le Kouilou

C’est au courant de la semaine que cette opération sera lancée dans le département du Kouilou. Il s’agit précisément du district de Loango d’où provient l’unique cas de morsure de chien enregistré pour l’instant dans le département. Cette opération arrive à point nommé après le fait vécu il y a quelques jours par la population du village Mpili, situé dans ledit district, où un chien enragé a été capturé dans la réserve Tchimpuga. La bête, après avoir mordu un autre chien, s’y est retrouvé dans sa fuite. Ce dernier a succombé pendant la phase d’observation.

Les chiens seront vaccinés en présence de leurs propriétaires. La difficulté est avec les chiens errants du fait que la direction départementale de l’Élevage du Kouilou ne dispose pas du matériel pour les attraper. Par ailleurs, des opérations de sensibilisation ont été menées dans les villages en collaboration avec les sous-préfets et les chefs de village. « Nous avons demandé à la population de nous informer rapidement en cas de morsure de chien ou de présence d’animaux suspects », a précisé Antoine Bazabakani, directeur départemental de l’Élevage du Kouilou.

Ce qu’il faut faire en cas de morsure de chien ou autre animal de compagnie

En cas de morsure, il est recommandé de bien laver la partie touchée avec du savon et de l’eau propre en abondance pendant plusieurs minutes, puis mettre de l’alcool ou de la Bétadine. La victime doit ensuite être conduite rapidement au secteur opérationnel des grandes endémies. Si possible, le chien mordeur doit être conduit à la direction départementale de l’Élevage qui se chargera de déterminer son état clinique.

Prisca Condhet

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : L'opération vaccination des chiens. (© DR) ; Photo 2 : Des chiens accompagnés de leurs propriètaires à la vaccination. (© DR)