Livres et Auteurs du Bassin du Congo : Henri Lopes et Gaston Kelman présentent les œuvres décisives de leur carrière

Henri Lopes et Gaston Kelman ont respectivement présenté les livres qui les ont marqués ou qui les ont incités à prendre la plume, autant qu’ils se souviennent. Pour Henri Lopes, ce fut notamment L’Idiot de Dostoïevski, l’Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de Léopold Sédar Senghor, et les Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke ; tandis que pour Gaston Kelman, ce fut Peau noire et masques blancs de Frantz Fanon, et Je suis noir, mais je n’aime pas le manioc, dont il est lui-même l’auteur.

Mais l’un comme l’autre, ils reconnaîtront que le livre du catéchisme, et les bandes dessinées auront également été très présents dans leurs premières lectures.

Un livre peut-il changer une vie ? 

À la question de Samira El Keiy si un livre peut changer une vie,  Gaston Kelman, a répondu par l’affirmative : en effet « les livres ont bouleversé ma vie ». Il a cité l’œuvre de Frantz Fanon, Peau noire, masques blanches, à l’origine de son changement de trajectoire et d’orientation professionnelle. Alors qu’il avait déjà épousé la logique révolutionnaire des Black Panthers. Il comprendra à travers cette œuvre que « le Blanc n’existe pas, pas plus que le Noir n’existe ». C’est en Europe qu’il découvrira qu’il est Noir, au travers le faciès. « Il n’y a pas de cri nègre, ni de cri blanc,  il y a un cri d’un homme », a résumé Gaston Kelman.

Pour Henri Lopes, le livre peut influencer une vie. Mais, il considère que son rôle en tant qu’écrivain, « c’est plutôt de poser des questions et non de donner des réponses ». Il a surtout évoqué L’Idiot de Dostoïevski, qui aura vécu l’expérience de la condamnation à mort. Libéré, il s’opposera désormais à la peine de mort. Ce livre a fait naître en lui une prise de conscience : « ne jamais accepter la peine de mort.»Il pense que le livre doit créer l’étonnement.

Gaston Kelman évoque dans son deuxième livre Je suis noir, mais je n’aime pas le manioc,  un changement, une écriture plutôt introspective.

Quant au deuxième livre d’Henri Lopes, à savoir l’Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de Léopold Sédar Senghor, c’est le livre qui  l’a « poussé à écrire », bouleversant sa vie intellectuelle. Il nous enseigne qu’ « il faut prendre la méthode chez les Blancs, mais jamais les imiter », tant nos réalités sont parfois différentes.