Livre. Elle offre une rose aux tirailleurs

Le recueil de poèmes d’une cinquantaine de pages est préfacé par le Colonel Rive, de nationalité française. Il a 82 ans lorsqu’il écrit cette préface et témoigne son affection pour «  ses frères d’armes africains, asiatiques et maghrébins ». Une affection qui va au-delà de la seule estime, le vieux soldat évoquant particulièrement son action en faveur de ces derniers. On pourrait penser à l’équité réclamée par « les tirailleurs sénégalais », nom générique de ces soldats africains engagés aux côtés de la France, et qui bataillaient à la fin du conflit pour obtenir les mêmes traitements que leurs frères d’armes de la métropole. Rive signe cette préface, le 6 juin 2006. Cela fait un peu longtemps ! Pour dire que les livres peuvent mettre longtemps à paraître.

Dans « Guerre », poème déroulé à la page 21, l’auteure réprimande la trouvaille la plus ignoble que les hommes devraient éloigner de leurs tablettes tant qu’ils le peuvent, parce qu’ils le peuvent : «  Guerre comme galère, guerre comme erre, comme savane en feu, spectacle nauséabond, guerre toi qui fait le bonheur des vendeurs d’armes, des escrocs en manque d’âme », se lamente-t-elle, mais avec un fort souffle de rejet porté par cette citation de John Fitzgerald Kennedy reprise au bas du texte : «  L’humanité tout entière doit mettre un terme à la guerre, où la guerre mettra un terme à l’humanité ».

Eugénie revient ensuite longuement sur son hommage aux tirailleurs  à travers de nombreux textes. La seconde guerre mondiale c’était il y a un peu plus de 70 ans, mais les conflits que le monde vit aujourd’hui ensanglantent les nations et entretiennent les mêmes angoisses, les mêmes incertitudes partout, comme il y a près d’un siècle. D’où l’actualité de ce recueil de poèmes dédié aux anciens combattants.