L’Italie s’inquiète d’un éventuel « cavalier seul français » en LibyeMardi 25 Juillet 2017 - 18:28 Le ministre français des Affaires étrangères était à Rome lundi, la veille de la rencontre à Paris des deux rivaux libyens. A Rome, on réaffirme que la stabilité en Libye est vitale pour la paix dans le pourtour méditerranéen. Surtout, les deux questions lancinantes du moment : le terrorisme islamique et les flux migratoires peuvent trouver une partie de leurs résolutions avec une Libye, retrouvant sa souveraineté et sa stabilité. Le ministre italien des Affaires étrangères, Angelino Alfano, l’a redit lundi à son homologue français, Jean-Yves Le Drian, venu prendre part à la conférence des ambassadeurs italiens à Rome, consacrée à la sécurité et à la croissance économique. Malgré une méfiance visible à Rome, depuis le renversement en Libye du colonel Kadhafi, que les gouvernements italiens successifs ont imputé jusqu’au-boutisme de l’ancien président français, Nicolas Sarkozy, l’Italie se dit désireuse de coopérer à toutes les initiatives visant à remettre la Libye debout. Car depuis la mort du guide libyen en 2011, le pays est devenu une véritable passoire pour le trafic des migrants, sans parler de l’activisme djihadiste, qui y a implanté l’organisation Etat islamique. Le tout sur de fortes dissensions, opposant des gouvernements dont un seul, celui de Fayez al-Sarraj à Tripoli, est reconnu par la communauté internationale. L’Italie ne veut surtout pas que, tout comme en 2011 quand le président français appuyait les rebelles de Benghazi, aujourd’hui pas encore pacifiée ni gagnée à la cohésion nationale, le maréchal Haftar, homme fort de l’est libyen, soit l’interlocuteur privilégié d’une quelconque puissance occidentale. M. Le Drian a tenu à rassurer sur ce point. « Dans cette affaire, nous ne pouvons rien faire l'un sans l'autre, c'est un sujet que nous partageons », a dit le ministre français. La question libyenne nécessite une approche concertée, a souligné pour sa part l’ambassadeur d’Italie au Congo, Andrea Mazzella, dans une interview qu’il nous a accordée. L’Italie suit donc avec intérêt les efforts du président français pour réunir les deux principaux protagonistes de la crise libyenne, en empruntant une méthode plus ouverte et encline à recevoir les suggestions d’autres partenaires européens. « La France, sur la question libyenne, doit éviter les erreurs d'un passé récent », a ainsi averti le secrétaire d'Etat italien aux Affaires européennes, Sandro Gozi, dans une interview à la presse de son pays. Le ministre français des Affaires étrangères semble peu enclin à emboîter le pas à la diplomatie de bulldozer de Nicolas Sarkozy. Il a déjà rencontré, à trois reprises, son homologue italien ce mois. Et il l’a assuré de la solidarité de son pays, notamment dans la pression migratoire énorme. A Rome on apprécie ces déclarations, mais on les aurait préférées plus concrètes, et assorties d’une ouverture des ports français aux embarcations des migrants, ou en accueillant une partie des 111.000 réfugiés présents en Italie depuis le début de cette année. Cela fait dire à l’opposition de droite que la rencontre Al-Sarraj-Haftar de mardi à Paris, en France, et non en Italie, montre que Rome a perdu la main sur ce dossier. « La gauche de (Matteo) Renzi, (Angelino) Alfano et de (Paolo) Gentiloni a échoué sur le dossier libyen », a décrété lundi Giorgia Meloni du parti Fratelli d’Italia (Frères d’Italie, droite). Lucien Mpama Notification:Non |