Libye : le procès de deux fils de Mouammar Kadhafi reporté au 27 avril

Lundi 14 Avril 2014 - 14:30

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Saadi et Seif al-Islam Kadhafi, deux fils de l’ex-guide libyen Mouammar Kadhafi, vont être jugés pour crimes de guerre et corruption. Ce procès que la communauté internationale suivra de près concerne également plus d’une trentaine de responsables de l’ex-régime libyen, inculpés pour la répression de la révolte de 2011 qui avait entraîné la chute des autorités de l’époque

En attendant le déroulement du procès, Hanan Salah, spécialiste de la Libye au sein de l’ONG Human Rights Watch, pense qu’il ne pourra croire en la justice libyenne que si les personnes poursuivies peuvent être jugées de manière équitable. « S’ils ne bénéficient pas d’un procès équitable, cela laissera penser que la nouvelle Libye pratique une justice », a-t-il fait remarquer. « Jusqu’à présent, il y a eu des problèmes de représentation judiciaire. Nombre de ceux en procès n’ont pas eu droit à un avocat depuis le début – condition essentielle à un procès honnête », a ajouté Hanan Salah.

Le procès des dignitaires de Mouammar Kadhafi se tient grâce, entre autres, aux efforts entrepris par des ONG de défense des droits de l’homme, dont Human Rights Watch. En témoigne ce qui s’était passé en février dernier, lorsque l’organisation constata que Seif al-Islam Kadhafi et certains dignitaires du régime dont l’ex-chef des renseignements Abdallah al-Senoussi, inculpés dans la même affaire, étaient toujours privés d’avocats pour leur procès. L’organisation lança un appel pressant au gouvernement libyen, lui demandant de leur permettre d’accéder à des avocats pour leur défense. « Le gouvernement libyen devrait faire davantage d’efforts pour s’assurer que ces anciens fonctionnaires détenus bénéficient d’un avocat et de la possibilité de se défendre devant un juge », avait déclaré Nadim Houry, le directeur adjoint Moyen-Orient et Afrique du Nord de l’organisation de défense des droits de l’homme.

Cet appel à l’endroit des autorités libyennes était adressé suite à la demande de quatre détenus que le responsable de l’ONG venait personnellement de rencontrer. Seif al-Islam Kadhafi et al-Senoussi lui avaient dit, à cette occasion, qu’ils n’avaient pas d’avocats, tandis que Bouzid Dorda (ancien chef des renseignements) et al-Baghdadi al-Mahmoudi (ex-Premier ministre) avaient, en ce qui les concerne, indiqué avoir été privés d’un accès adéquat à leurs avocats.

Saadi Kadhafi, qui a eu une brève carrière dans le football professionnel a été extradé début mars du Niger vers la Libye. Quant à Saïf al-Islam, longtemps considéré comme l’héritier politique de son père, il est détenu par une milice de Zentane, ville de l’ouest du pays, qui refuse de le livrer au gouvernement central. Il pourrait ainsi comparaître par visioconférence.

En fin octobre dernier, la justice libyenne avait inculpé une trentaine des principaux responsables du régime déchu de Mouammar Kadhafi, dont Seif al-Islam et Senoussi, pour la répression de la révolte suscitée. Les deux détenus faisaient depuis lors l’objet de mandats d’arrêt internationaux de la Cour pénale internationale (CPI) qui les soupçonne de crimes de guerre lors la révolte. Au mois de mai, la CPI avait débouté les autorités libyennes de leur demande de juger devant les tribunaux libyens Seif al-Islam en raison des doutes sur la capacité de Tripoli à leur garantir un procès juste et équitable. Un bras de fer opposait jusqu’ici les deux parties qui se disputaient la responsabilité de les juger.

Notons que le procès des deux fils de Mouammar Kadhafi et d’autres dignitaires de son régime s’ouvre au lendemain de la démission du Premier ministre par intérim Abdoullah al-Thinni, consécutive à une agression dont a été victime sa famille. Le nouveau chef du gouvernement, qui succédait à Ali Zeidan, n’est resté en fonctions que quelques jours.

 

 

Nestor N'Gampoula