L’Égypte dénonce les passeurs de clandestins à partir de son territoire

Associations et humanitaires en étaient convaincus, le gouvernement vient de confirmer : il existe bel et bien en Égypte, « une mafia de passeurs qui conduit en Italie des migrants clandestins ». Pour le porte-parole du ministère égyptien de l’Intérieur, Hany Abdel Latif, ces clandestins sont des Syriens et des Palestiniens qui entrent avec des visas de touristes en Egypte et tentent ensuite de gagner l’Europe par la Méditerranée.

Mais le porte-parole ne semble décrire là que la pointe d’un iceberg aux abysses plus opaques. Car les clandestins sont pratiquement de toutes les nationalités et n’arrivent pas tous par les frontières établies, munis de visas. Une organisation comme Habeshia, du prêtre catholique Zarai, a publié l’an dernier les résultats d’une enquête plus angoissante. Des Erythréens, des Ivoiriens, des Somaliens et des Égyptiens seraient dans les groupes des désespérés qui tentent le tout pour le tout pour gagner l’Europe.

Intitulé « Le cycle du trafic humain- du Sinaï au-delà », le rapport soulignait que dans le seul désert du Sinaï côté égyptien, plus de 30.000 Erythréens vivotaient sans espoir d’aller plus loin ou de revenir sur leurs pas. Taillables et corvéables à souhait, beaucoup espèrent pouvoir passer en Israël mais nombreux se retrouvent également parmi les victimes que l’on compte régulièrement dans les naufrages des bateaux de fortune en Méditerranée.

Dans un seul de ces bateaux, 500 d’entre eux ont péri la semaine dernière. Partis d'Égypte, les migrants clandestins étaient en route pour l'Italie lorsque leur bateau a été volontairement éperonné près de l'île de Malte par leurs passeurs égyptiens et palestiniens, parce qu'ils avaient refusé de monter dans une embarcation plus petite, ont raconté des survivants.