Le sénateur italien persiste : le père de Cécile Kyenge l’ensorcelle !

Mardi 26 Août 2014 - 17:26

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Au départ, cela avait le ton de la blague. ça semble s’acheminer désormais vers une déroutante affaire de sorcellerie. Le père de Cécile Kyenge s’en mêle.

Au départ, l’affaire semblait le pur fruit d’un cerveau d’homme politique affabulant d’ennui sur le net. Roberto Calderolli, vice-président du Sénat italien, membre éminent du mouvement xénophobe de la Ligue du Nord (et admirateur assumé de feu le maréchal Mobutu) a posté la semaine dernière sur sa page Facebook la photo d’un serpent. Il le tenait par la queue et affirmait l’avoir tué dans la cuisine de sa maison à Mozzo, près de Bergame, en Lombardie (nord de l’Italie).

Pour lui, pas de doute : ce serpent lui a été envoyé par fétichisme par le père de l’Italo-congolaise Cécile Kyenge Kashetu, ancienne ministre de l’Intégration, et contre laquelle il s’est littéralement déchaîné au cours des mois passés. Insultes racistes, critiques pesantes : rien n’a été épargné à la première femme noire ministre d’un gouvernement en Italie. Aujourd’hui, Cécile Kyenge, italienne de nationalité, est devenue députée européenne. Mais son « collègue » Calderolli estime qu’elle lui a fait jeter un sort.

« Je ne suis pas superstitieux, mais après les « makumba » que le papa de Cécile Kyenge a fait contre moi, il m’est arrivé de tout ! », affirmait-il mercredi dernier. Pas superstitieux vraiment ? Voire le 26 août, l’homme a aligné les « preuves » de ce qu’il avance. «  J’ai été opéré sept fois; j’ai été admis deux fois en réanimation, une fois en thérapie intensive; ma mère est décédée et, en dernier, j’ai fait un accident où je me suis brisé deux côtes et deux doigts. Et maintenant ce serpent de deux mètres dans ma cuisine. Cela me paraît beaucoup ! ». C’est ce qu’estime le sénateur qui était aussi dans sa jeunesse un coopérant au Zaïre d’alors.

Pour lui, il ne fait aucun doute que les insultes proférées contre Cécile Kyenge ont fini par fâcher son père, qui a décider de lui jeter un sort. « J’appelle le papa de Cécile Kyenge pour qu’il fasse un rite tribal quelconque pour me libérer des paroles mauvaises et offensantes que j’aurais pu prononcer. Qu’il prononce à mon endroit des paroles de tolérance et non de vengeance ! ».  Le mot « pardon » n’y est pas, mais on sent l’homme pris dans les croyances dont il n’arriverait plus à se libérer, par bouffonnade ou par certitude. Après tout, qu’est-ce que la sorcellerie sinon et d’abord le fait d’y croire ? Mais la suite est encore plus « belle ».

L’homme interpellé, Clément Kikoko Kyenge a saisi la balle au bond pour enfoncer le clou… et (un peu) venger sa fille. « Un serpent dans la maison ? Ce n’est pas vraiment un bon signe, et Calderolli a mal fait de le tuer. Dans tous les cas, s’il était sincère lorsqu’il a présenté ses excuses à Cécile, alors il peut être tranquille. Mais si ses excuses ne sont que de la tactique et présentées par pure convenance, alors les ancêtres pourraient s’énerver », a répondu le sage homme depuis son village en République démocratique du Congo. Roberto Calderolli fait-il des cauchemars la nuit désormais ? La suite au prochain épisode.

Lucien Mpama