Le porte-avions Cavour en mission humanitaire dans les ports d’Afrique

Jeudi 30 Janvier 2014 - 11:30

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Malgré les polémiques, le navire italien poursuit son tour d’Afrique pour une coopération nouveau style

Parti d’Italie à la fin de l’année dernière, le porte-avions Cavour continue sa navigation le long des côtes africaines. Ce bâtiment, qui appartient au trentième groupement naval, a été salué à son départ comme ce que l’Italie peut produire de mieux au plan technologique, mais aussi, et surtout, au plan humanitaire. Sa mission, pour une visibilité du « made in Italy » sur le pourtour méditerranéen, le golfe d’Aden et le golfe de Guinée, l’a déjà conduit à faire escale à Abu Dhabi, à Bahreïn, au Koweït…

Mais c’est surtout en Afrique qu’il entend jouer son rôle propre et faire figure de vaisseau amiral de la coopération italienne, telle que la définit désormais la ministre des Affaires étrangères, Emma Bonino. Elle avait officiellement donné le top de son départ et vient de terminer une tournée africaine qui l’a emmenée au Ghana, au Sénégal, en Côte d’Ivoire. La volonté de son pays est de donner un coup de pouce « aux sept à huit pays qui sont les tremplins de la forte croissante économique » que les institutions multilatérales prédisent pour l’Afrique cette année.

À bord du Cavour, avait-elle notamment rappelé, vogue « le système pays » italien pour une coopération qui ne concerne pas que les États. Le Cavour embarque à son bord des dizaines d’humanitaires de toutes spécialités. Sont notamment présents les volontaires de l’ONG Smile Italia (Sourire d’Italie), chargés de produits alimentaires de première nécessité, de médicaments, de matériel médical et autres équipements essentiels dans des pays qui n’ont pas toujours accès aux innovations qui sauvent.

Arrivé cette semaine au Mozambique et venant de Madagascar puis du Kenya, le Cavour a procédé à des opérations chirurgicales à bord. L’équipe de chirurgiens – des spécialistes italiens aguerris travaillant aux côtés de leurs collègues sud-africains, marocains et mozambicains – soutient la cadence de dix opérations par jour en moyenne. C’est sans doute à l’étape mozambicaine que la mission humanitaire italienne est vraiment humanitaire, sans arrière-pensées de quiconque.

Les enfants et les adultes malades sont des Kenyans ou des Mozambicains qui auraient attendu des années pour pouvoir accéder, éventuellement, à un hôpital ayant les infrastructures nécessaires pour redresser des pieds bots, opérer des hernies, corriger des scolioses sévères… « Il faut voir le sourire retrouvé des enfants mozambicains pour avoir une idée du vrai sens de cette initiative ! » : c’est Pasquale Piombino, chef chirurgien italien, qui exprime une telle satisfaction.

Il y a en effet de quoi sourire à voir cette foule de malades qui ont parfois dû venir de très loin en « chapa », les « fula-fula » mozambicains, pour venir confier qui un pied, qui un bras, une gorge ou un estomac à ces bénévoles porteurs d’espoir. En Italie, les résultats ont contribué à atténuer quelque peu la polémique. Elle s’était enflammée au lancement de l’opération navale, jugée suspecte par certains milieux qui accusaient la marine italienne de s’être engagée dans une opération de VRP, pour vendre des armes italiennes le long des côtes.

Une caricature du journal des missionnaires comboniens, Nigrizia, basé à Vérone (nord), avait été d’une féroce brutalité, se rangeant dans le camp des sceptiques. Elle montrait un militaire italien lançant aux passagers d’une embarcation de clandestins africains près de Lampedusa : « Pas la peine de venir mourir sur nos côtes : nous vous apportons de quoi faire tranquillement le nécessaire chez vous ! ». Le ministère des Affaires étrangères avait vigoureusement démenti de telles insinuations.

Lucien Mpama