Laurent Taieb: « L’Afrique centrale a un déficit communicationnel »Mardi 13 Octobre 2015 - 17:12 Installé à Brazzaville depuis quelques mois, le magazine CAPECO Africa creuse de plus en plus son trou dans la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC). En effet, « le magazine du développement économique » de la sous-région vient de mettre sur le marché son 3e numéro qui couvre les mois de septembre et octobre 2015. Dans une interview exclusive accordée aux Dépêches de Brazzaville, son directeur général, Laurent Taieb, revient sur les grands sujets abordés dans cette nouvelle parution et commente la situation économique de certains pays.
Laurent Taieb (L T) : CAPECO Africa est un nouveau magazine que nous avons créé il y a quelques mois. Il se positionne clairement comme le magazine du développement économique de la zone CÉÉAC et de l’Afrique centrale. Il a pour vocation de devenir une revue de référence en matière économique dans la sous-région. Cette nouvelle publication se veut le porte-parole, l’ambassadeur de cette Afrique qui gagne, de cette Afrique en pleine mutation. Il fait la promotion de l’Afrique centrale sur l’échiquier international, notamment auprès des dirigeants politiques et économiques afin de les sensibiliser aux grandes mutations que traverse le monde et qui affectent notre sous-région en particulier. LDB : Vous avez titré à la Une les enjeux des hydrocarbures avec un zoom sur le Cameroun. Comment se présente la situation pétrolière dans certains pays de la sous-région ? L T : En effet, dans ce troisième numéro daté d’octobre 2015, il y a un zoom particulier sur les enjeux des hydrocarbures parce que, comme vous le savez, en Afrique centrale, la plupart des pays sont producteurs de pétrole. Je pense notamment au Congo, à la République démocratique du Congo (RDC), à la Guinée Équatoriale, au Tchad, à l’Angola et au Cameroun. La rente pétrolière est décisive dans le cadre du développement de ces pays. Donc, dans le cadre de la chute du prix du baril du pétrole, nous voulions mettre en exergue ses conséquences sur les économies et nous nous sommes aperçus qu’il y a certains États comme le Congo-Brazzaville qui ont anticipé cette chute, en diversifiant leurs économies et en développant notamment les secteurs minier, agricole et industriel. Le secteur pétrolier est, en effet, stratégique et décisif pour le développement de ces pays et il paraissait opportun pour notre rédaction de consacrer un dossier à ce secteur. LBD : Quelle est la situation économique du Congo lorsqu’on sait que son économie est essentiellement basée sur le pétrole ? L T : Le président Denis Sassou N’Guesso a réussi à mettre en avant sa vision dans le cadre de la diversification de l’économie congolaise. Comme tout le monde peut le constater, il a mis un accent particulier sur le développement des infrastructures routières et aériennes pour désenclaver l’arrière-pays. C’est le cas de la compagnie aérienne ECAir qui permet à Brazzaville d’être un hub dans la sous-région. Ce qui contribue efficacement au développement des échanges commerciaux avec d’autres pays de la zone et à l’international. Il ne fait plus de doute que la chute du prix du baril a des conséquences sur l’économie congolaise mais le gouvernement, avec à sa tête le président de la République, a réussi à entamer la diversification de son économie. Au Congo on a compris que les Petites et moyennes entreprises ainsi que les Petites et moyennes industries sont des vecteurs des richesses. Il y a donc eu un développement d’entreprises dans les différents domaines, notamment dans le secteur industriel avec des mesures juridiques, fiscales et douanières qui encouragent les entreprises à venir s’implanter au Congo. Nous voyons aussi que le secteur minier est en plein boum en République du Congo. Il y a, certes, des conséquences mais je suis optimiste quant au développement du Congo. LDB : Toujours à la Une, vous avez aussi enquêté sur le Business du diamant dans la sous-région… L T : En effet, l’Afrique centrale dispose de nombreuses ressources dont l’industrie diamantifère, notamment en RDC et en République Centrafricaine. Nous avons voulu faire un éclairage sur le Business du diamant qui est un sujet assez tabou. Pour ce faire, nous avons développé aussi bien l’aspect production que celui des grands opérateurs intervenant dans la production du diamant sans oublier la commercialisation et, bien entendu, les réseaux permettant de commercialiser cette matière première. Nous avons aussi mis en exergue le processus de Kimberley pour savoir si ce processus peut gêner le développement et la commercialisation du diamant à l’international. C’est un sujet que je vous invite à lire attentivement parce qu’il est passionnant et vous découvrirez de nombreux faits. Plusieurs autres thèmes ont été abordés dans ce troisième numéro tel que la mondialisation en cherchant à savoir si elle profite à l’Afrique centrale. Nous avons aussi fait un zoom sur le Rwanda qui se veut vraiment le « Singapour de l’Afrique ». En passant, je citerai le développement des chaînes de télévisions en Afrique centrale et les différents entretiens qui meublent cette parution. LDB : Peut-on dire que votre magazine vient corriger le déficit en communication qu’on reproche à nos entreprises ? L T : L’Afrique centrale donne l’image d’une sous-région immensément riche avec de nombreuses ressources économiques et humaines qui ne sont pas exploitées ou développées. Je crois qu’il faut que les entreprises comprennent qu’il est important de s’associer, à l’image de leur pays, et de communiquer. L’Afrique centrale a un déficit communicationnel. Je crois qu’il est important que des entreprises majeures qui sont sources de revenus, d’emplois, etc, s’associent au gouvernement afin de valoriser le pays. Les enjeux et les défis actuels l’exigent. J’ai été assez surpris de constater que sur les enjeux des hydrocarbures en Afrique centrale, les grandes sociétés nationales majeures au Congo ne puissent pas saisir l’opportunité de communiquer. Je crois que c’est un tort. Nous avons vu, au Cameroun et en Guinée Équatoriale, comment les sociétés communiquent. Je pense que les entreprises congolaises doivent mettre un accent particulier sur la communication. Surtout avec les enjeux électoraux aujourd’hui. Il faut montrer à la communauté internationale, les grandes mutations en ce qui concerne le Congo, un pays résolument tourné vers le développement et l’émergence. LDB : La CÉÉAC est composée d’une dizaine de pays. Pourquoi aviez-vous choisi le Congo ? L T : La CEEAC regroupe, en effet, onze pays dont le Rwanda qui vient de réintégrer la zone. Nous avons choisi Brazzaville comme siège parce que la capitale congolaise est devenue clairement le hub de l’Afrique centrale. Elle est très proche de sa grande voisine la RDC qui représente également un marché très important. Il y a une stabilité politique et économique au Congo. Le président Denis Sassou N’Guesso a réussi à bâtir le pays en y construisant des infrastructures de qualité. Du fait de cette stabilité, il nous paraissait opportun de venir à Brazzaville pour montrer que, malgré ce que nous écoutons dans les grands médias internationaux sur la situation politique, le Congo est un pays où l’on peut développer des affaires et y travailler sereinement. Parallèlement à cela, le pays dispose des ressources humaines, des gens qualifiés, compétents. Nous avons voulu avec fierté choisir Brazzaville comme siège de la société Interaf Média qui édite le magazine CAPECO Africa. LDB : De façon succincte, quels ont été les sujets abordés dans les deux premiers numéros de votre magazine ? L T : Le premier numéro était consacré au Cameroun. Dans le deuxième, nous avons fait un zoom particulier sur le Congo et sur la politique économique du chef de l’État. En effet, nous avons mis en exergue les efforts déployés par les autorités congolaises dans la modernisation des infrastructures et le pays en général ; les actions clairement mises en place pour bâtir un Congo tourné vers le développement. CAPECO Africa est diffusé à 60 000 exemplaires, le 2e numéro consacré en partie au Congo, a très bien marché notamment grâce à une grande campagne de communication que nous avions mise en place au Congo et dans toute la sous-région. LDB : Comment faire pour se procurer le magazine CAPECO ? L T : Le magazine CAPECO est vendu à 3 000 FCFA dans tous les pays d’Afrique centrale. Il est vendu au niveau local, au niveau de l’Afrique francophone et dans les pays comme la France, la Suisse, la Belgique et le Canada. Au Congo, il est disponible dans les librairies et les kiosques à journaux. LDB : Et pour terminer ! L T : Nous sommes fiers d’être au Congo. C’est un choix réfléchi de notre part parce que nous croyons au marché économique congolais, à son développement et à son avenir. Le Congo est un pays qui dispose d’un formidable potentiel. Les Congolais doivent être fiers de leur pays et croire en son développement.
Parfait Wilfried Douniama Légendes et crédits photo :Laurent Taieb, directeur général du magazine CAPECO Africa Notification:Non |