La “page Kyenge” définitivement tournéeVendredi 28 Février 2014 - 20:55 Le Premier ministre italien a complété son équipe gouvernementale vendredi : le ministère de l’Intégration n’y figure pas La cause était entendue, mais l’opinion continuait à espérer (ou redouter) la continuation de la politique italienne en matière d’immigration. Il y a une semaine, Matteo Renzi a pris les rênes du gouvernement, en supplantant d’une manière étonnante son camarade de parti Enrico Letta. Mis en minorité au sein de leur formation commune du Parti démocrate (PD), Enrico Letta s’était résolu à présenter sa démission « irrévocable » le 14 février dernier. Matteo Renzi a, coup sur coup, obtenu la confiance du Sénat, de la Chambre (Assemblée) et composé une équipe serrée de dix-huit ministres jeunes, dont la moitié de femmes. Depuis lors, les milieux associatifs guettaient tous les signes de continuité dans la nouvelle équipe. Pour les organisations travaillant auprès des immigrés notamment, il fallait voir ce que ferait le Premier ministre du poste qu’a occupé pendant dix mois la première Africaine noire d’un gouvernement italien, Cécile Kyenge Kashetu. Allait-il maintenir la cadence annoncée par l’Italo-Congolaise et son ministère de l’Intégration ? Vendredi, la réponse est venue sans surprise : Cécile Kyenge ne fait même pas partie des sous-secrétaires d’Etat et son ministère semble même ne jamais avoir existé ! Quelques heures avant l’annonce publique de la nouvelle équipe de 44 sous-secrétaires d’Etat (dont 9 ayant rang de vice-ministres), Cécile Kyenge avait affirmé : « L’Italie n’est pas un pays raciste, il y a une fracture entre société et institution. Nous devrions avoir la capacité de traduire au niveau institutionnel tout ce qui provient de la société civile ». Vœu pieux apparemment, puisque le nouveau gouvernement s’est défini de nouvelles priorités qui passent par la lutte contre le chômage, la baisse des charges fiscales et des impôts. Cécile Kyenge avait estimé que « si dans le nouveau gouvernement un ministère de l’Intégration n’était pas reconduit, ce serait un pas en arrière devant l’Europe et le monde, qui ont vu un tel ministère comme une valeur ajoutée ». Le fait est que l’opinion semble s’être résignée à un tel abandon, tant la ministre noire a fait l’objet des attaques les plus pesantes. D’ailleurs, quelques heures seulement avant l’annonce, un officiel du parti xénophobe de la Ligue du Nord avait prédit : « Si Kyenge occupe un poste ministériel à nouveau, l’Italie est cuite. » La nouvelle équipe gouvernementale donne toutefois à entendre une même ferme volonté de poursuivre dans la politique de coopération ébauchée par l’ex-ministre des Affaires étrangères Emma Bonino. Un des animateurs principaux du projet ItalAfrica de coopération plus dynamique, Lapo Pistelli, y conserve son poste de numéro deux du ministère des Affaires étrangères et de vice-ministre. Sa présence au sommet de l’Union africaine d’Addis-Abeba en janvier dernier avait donné à voir son dynamisme à ce poste. Bon nombre de gouvernements africains l’ont adopté comme voix de référence pour cette Italie qui entend replacer l’Afrique au centre de son dispositif de coopération. Lucien Mpama |