Kinshasa : FFJ-@frique s’insurge contre la diffusion des images d’appel à la violence sur un média

Mardi 28 Juillet 2015 - 16:54

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L’ONG, qui a noté que la théorie de la toute puissance des médias n’était pas à minimiser, a appelé l’organe de régulation des médias à agir, tout en appelant à se rappeler de la tristement célèbre radio Milles collines du Rwanda, dont la contribution au génocide a bien été déterminante.

Dans une réaction du 28 juillet, l’association de défense et de promotion de la liberté de la presse, Freedom for journalist-@frique (FFJ), a demandé au Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (Csac), de faire cesser immédiatement la diffusion sur Télé 50, « des images faisant l’apologie de la violence dans l’objectif d’installer la peur dans l’opinion publique au seuil des élections générales au pays ».

FFJ a dit regretter que Télé 50, un média proche du régime, émettant en clair dans la capitale Kinshasa et crypté, diffuse en boucle, « des images d’une aussi forte charge émotionnelle juxtaposant des images macabres de triste mémoire sur l’affrontement armé, en plein cœur de la capitale, entre des éléments de la garde de Jean-Pierre Bemba, ancien-vice président et candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2006 et l’armée régulière, d’une part et celles, d’autre part, d’un affrontement meurtrier entre une franche de la population du Burundi opposée au troisième mandat du président Pierre Nkuruziza et l’armée dans la ville de Cibitoke, et celles des violences tunisiennes entre les partisans des partis opposés Enhada du président sortant Moncef Marzouki  et de Nidas Tunes du président entrant Essebsi ». « Tout en saluant le professionnalisme de ce média, FFJ-@frique pense cependant que les circonstances actuelles ne donnent pas lieu à la diffusion de telles images qui n’informent,  forment ni ne divertissent. Les commentaires y afférents faits par un journaliste de ce média jettent la peur dans la population congolaise et contribuent, à coup sûr, à magnifier les actes de violence tout en voulant faire peur à la contradiction à la veille des élections », a déclaré le legal officer à FFJ-@frique, Maître Nkashama.

La théorie de la toute puissance des médias, a souligné FFJ-@frique, n’est pas à minimiser. Nous demandons au régulateur des médias, a poursuivi cette ONG, de faire cesser, toutes affaires cessantes, ce genre de diffusion qui peut nous amener à nous rappeler la tristement célèbre radio Milles collines du Rwanda, dont la contribution au génocide a bien été déterminante. « Nous avons, en dehors de notre rôle de défendre les droits civils et politiques du journaliste, celui, en sus, de prévenir en amont tout dérapage que pourrait occasionner un média ou un journaliste », a enfin expliqué FFJ-@frique.

Touchée par l’état de santé de Daniel Safu

D’autre part, cette ONG s’est dite touchée par l’état de santé du journaliste et directeur de Les Points saillants Plus, un périodique paraissant à Kinshasa, Daniel Safu, condamné à Matadi, à deux ans de prison ferme, pour « outrage au chef de l’Etat et imputations dommageables » à un député national. « Depuis bientôt un mois, Safu est sérieusement malade, atteint d’un paludisme aigu et les signes cliniques renvoient à croire à une fièvre typhoïde, puisque la fièvre ne baisse pas », a noté FFJ-@frique citant son correspondant local, faisant foi au rapport d’un médecin proche du patient.

FFJ-@frique a exhorté les autorités de la province de Kongo central, d’ordonner une urgente hospitalisation du journaliste et le bénéfice de l’urgence au regard de son état de santé fort préoccupant. « L’actuelle situation du journaliste est en nette contradiction avec les standards internationaux pertinents », a relevé FFJ-@frique.

Citant un proche parent de Daniel Safu, l’ONG a souligné que ce dernier a été transféré à l’hôpital de Kikanda, accompagné de dix policiers, mais il a été ramené à sa cellule alors que son cas nécessitait une hospitalisation. Aussi, a témoigné cette source, les médicaments prescrits que le condamné avait gardés dans un sachet lui auraient-ils été volés, l’exposant actuellement à la mort puisqu’il ne sait rien prendre pour guérir.

Daniel Safu, a rappelé FFJ-@frique, a été extrait de force de sa chambre d’hôtel le 1er juin par des policiers munis d’un mandat d’arrêt émis par le parquet près le tribunal de paix de Matadi. Il lui est reproché ses propos jugés outrageants et diffamants tenus le 25 mai  sur « Plateau oval », une émission diffusée sur Radio Télé Atlantic, un média local, émettant à Matadi, capitale du Kongo central, alors qu’il émettait ouvertement des critiques sur la gestion jugée catastrophique de la province à une époque donnée comparativement à la gestion actuelle. Il a été condamné au premier degré et, la peine a été reconduite en appel au tribunal de grande instance de Matadi. Il est écroué à la prison centrale de la province.

Lucien Dianzenza

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