![]() Katanga : des ONG dénoncent le risque d’extermination des pygméesMercredi 10 Juin 2015 - 12:54 Dans un rapport circonstancié publié au cours de ce mois de juin, ces organisations ont évoqué les conflits entre les Bantous et le peuple autochtones dans cette province de la RDC.
Citant des éléments recueillis par leurs enquêteurs, ces ONG ont, en effet, confirmé de graves violations des droits des peuples autochtones pygmées par les Bantous. « Ils vivent une frustration qui les poussent à s’organiser et mener des actions contre les Bantous pour se faire respecter alors que les pygmées sont réputés être un peuple pacifique. Ils font aussi l’objet de manipulation ou d’instrumentalisation par certains chefs traditionnels particulièrement du territoire de Manono, parfois même par des militaires et certains politiciens afin de faciliter l’exploitation illégale des ressources minières », est-il déploré dans ce rapport. Un véritable fonds de commerce Pour ces organisations, les défis de la stabilisation des territoires du district du Tanganyika n’ont donc pas évolué sur bon nombre des paramètres. Au contraire, ont-elles fait remarquer, la situation ne fait que se dégrader mois après mois, année après année à telle enseigne que le conflit s’installe dans la durée avec pour conséquences l’augmentation du nombre des déplacés, des pertes en vies humaines et matériels. « Ce conflit est devenu un véritable fonds de commerce pour certaines personnes qui sont prêtes à sacrifier des vies humaines pour atteindre leurs objectifs », ont souligné ces organisations dans leur analyse de la situation. Jouer sur trois axes Des résultats durables, selon ces ONG, passent par la mise en œuvre des activités concomitantes sur trois axes. Il s’agit, de l’avis de HDH, CJR et NDS, de la construction de la paix durable, de la promotion et la protection des droits humains et de la réhabilitation des infrastructures socioéconomiques de base et des activités génératrices des revenus. Pour ces ONG, en effet, l’accroissement de la pauvreté, l’inaccessibilité aux services sociaux de base et le déficit de la justice sociale constituent des menaces permanentes à la paix et au développement intégral non seulement des quelques territoires mais de l’ensemble du district du Tanganyika. « C’est ainsi que neutraliser certains leaders qui usent de leurs positions pour instrumentaliser les groupes pygmées et bantous. La protection des droits humains, la mise en place des comités locaux d’analyse et de résolution des conflits, la vulgarisation et la protection particulière de la minorité devraient préoccuper tous les acteurs », ont-elles souligné. Aussi ont-elles appuyé que la promotion et la protection des droits humains devraient à ne point douter demeurer l’une des priorités de toute intervention à travers ces différents territoires. Pour ces organisations, la protection des droits politiques et civiles, économiques, sociaux et culturels doivent concerner toute la population, c’est-à-dire les Bantous et les pygmées. Le principe de neutralité et d’équité en ce qui concerne la distribution des vivres et des non-vivres devra être respecté. « Il est, en effet, malheureux que les agents de services publics et même de la société civile prennent fait et cause pour la majorité », ont-elles regretté. Le rapport a, par ailleurs, établi que pour faire face à ces conflits, il faut créer notamment un comité de sensibilisation et vulgarisation de la déclaration universelle des droits de l’Homme, la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, la convention n°169 de l’OIT sur les droits des peuples autochtones et tribaux ainsi que les autres instruments africains sur les droits des peuples autochtones. Ce comité de sensibilisation, ont-elles suggéré, doit être rapidement être mis en place à tous les niveaux et contiendra, en son sein, les représentants de l'administration publique, de la société civile, des Bantous et des pygmées. Ces ONG ont aussi fait constater que les infrastructures socioéconomiques de base (routes, hôpitaux, écoles, chemin de fer, etc.) dans cette partie du pays sont dans un état de délabrement avancé du fait du manque d’entretien, de renouvellement et d’appui. « Les populations vivent dans un état de pauvreté tel que le conflit devient un moyen ultime et facile de vivre de l’assistance. La restauration de l’autorité de l’État passe par l’augmentation du nombre des policiers et militaires affectés dans les territoires et la mise en arrestation des commanditaires », ont-elles conseillé. Lucien Dianzenza Légendes et crédits photo :Des pygmées Notification:Non |