Justice internationale : un djihadiste malien comparaît devant la CPI

Mardi 3 Avril 2018 - 20:07

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Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud devra répondre, ce 4 Avril, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis à Tombouctou en 2012 et 2013, notamment la destruction de mausolées dans cette ville.

L’intéressé, surnommé Hassan Al Hassan, est également accusé d’être responsable de viol et d’esclavage sexuel commis dans le contexte de mariages forcés ainsi que de tortures. Le djihadiste de 40 ans, qui a été remis à la Cour pénale internationale (CPI) par les autorités maliennes, et transféré au centre pénitentiaire de la Cour, à La Haye, aurait été membre du groupe dénommé Ansar Eddine et commissaire de la police islamique à Tombouctou. Il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité délivré par la CPI, le 27 mars dernier.

Selon la CPI, Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud doit être « informé des accusations portées contre lui », lors de sa présentation devant les juges. Ces accusations portent, entre autres, sur la participation « à la politique de mariages forcés dont des Tombouctiennes ont été victimes, qui ont donné lieu à des viols répétés et à la réduction de femmes et de jeunes filles à l’état d’esclaves sexuelles », a-t-on précisé.

Pour le procureur de l’unique tribunal permanent jugeant les crimes de guerre au monde, Fatou Bensouda, l’arrestation d’Al Hassan et son transfèrement à La Haye, berceau de la justice internationale, ont envoyé « un message fort à tous ceux qui, où qu’ils se trouvent, commettent des crimes qui heurtent la conscience humaine ».

La Fédération internationale des ligues des droits de l’homme a, quant à elle, salué « une avancée significative dans les enquêtes et poursuites de la CPI, en particulier pour les victimes de Tombouctou qui continuent d’attendre que justice soit faite ». « Pour les victimes, le transfèrement d’Al Hassan à La Haye est un soulagement », a déclaré leur avocat, Moctar Mariko, cité dans un communiqué. Ajoutant : « Surtout au moment où la situation au centre et au nord (du Mali), y compris à Tombouctou, se dégrade avec la recrudescence d’actes de violences imputés à des groupes armés terroristes ».

Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud est le deuxième djihadiste à être jugé par la Cour internationale. En 2016, la CPI avait, lors d’un verdict historique, condamné un premier djihadiste malien : Ahmad Al Faqi Al Mahdi, qui avait écopé de neuf ans de prison pour avoir également pris part à la démolition des mausolées protégés à Tombouctou en 2012. Le djihadiste avait été jugé coupable d’avoir dirigé des attaques contre le site inscrit par l’Unesco au patrimoine mondial lors de la prise de pouvoir des islamistes dans le nord du Mali, en 2012. La décision sans précédent avait été perçue comme un avertissement : la destruction du patrimoine de l’humanité ne restera pas impunie.

Rappelons qu’une vague de destruction avait déferlé sur Tombouctou, fondée entre le cinquième et le douzième siècle par les tribus touaregs, et qui a été surnommée « La ville des 333 saints » pour le nombre de sages musulmans qui y sont enterrés.

Nestor N'Gampoula

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