Justice internationale : Laurent Gbagbo plaide non coupable de crimes contre l’humanité devant la CPIJeudi 28 Janvier 2016 - 17:49 L’ex-président ivoirien, a plaidé non coupable jeudi à l’ouverture de son procès pour crimes contre l’humanité, cinq ans après les violences postélectorales ayant déchiré son pays. Laurent Gbagbo, 70 ans, et son coaccusé, Charles Blé Goudé, 44 ans, ex-ministre de la jeunesse, chargé à l’époque des « Jeunes Patriotes », doivent répondre de crimes contre l’humanité : meurtres, viols, actes inhumains et persécutions. Ils sont poursuivis pour leur rôle dans la crise née du refus de Laurent Gbagbo de céder le pouvoir à Alassane Ouattara à l’issue de l’élection présidentielle de 2010. Au début du procès, accusation et défense ont promis de faire « éclater la vérité ». « L’objectif de cette procédure est de faire éclater la vérité pour que justice soit rendue aux victimes et d'empêcher que d’autres crimes de masse ne soient commis », a déclaré la procureure Fatou Bensouda, lors d’une conférence de presse mercredi. L’avocat de Laurent Gbagbo, Emmanuel Altit, a rétorqué que son client aborde son procès « avec confiance » et « veut que la vérité, toute la vérité soit dite, pour que les Ivoiriens puissent se réapproprier leur propre histoire ». L’avocat de Charles Blé Goudé, Geert-Jan Knoops, a déclaré que son client est « un homme de paix ». Laurent Gbagbo, dont la santé est « fragile », selon ses avocats, avait été livré à la CPI en 2011. Charles Blé Goudé avait, lui, été transféré à La Haye en 2014. Pour l’heure, aucun membre du camp d’Alassane Ouattara n’a encore été inquiété par la CPI, ce qui lui vaut parfois d’être taxée de « justice des vainqueurs », mais le bureau du procureur a promis d’intensifier son travail sur cette enquête. Tous les auteurs présumés des crimes doivent pourtant être jugés, soutient Gaëtan Mootoo, de l’ONG Amnesty International : « C’est la seule manière de s’assurer que justice soit rendue ». Simone Gbagbo, épouse de Laurent Gbagbo, a été condamnée à 20 ans de prison en Côte d’Ivoire pour son rôle dans la crise, en compagnie de 78 autres personnes. L’accusation assure disposer de 138 témoins, qui ne seront pas tous appelés en audience. Elle va présenter plus de 5.300 éléments de preuve et axer son dossier sur quelques attaques « représentatives ». Le procès devrait durer entre trois et quatre ans. Mais pour le camp Gbagbo, ce dernier est un chantre du multipartisme et la France, ancienne puissance coloniale, est derrière le « complot » qui a entraîné la chute de « ce farouche nationaliste ». Les violences avaient fait plus de 3000 morts en cinq mois et l’ex-président, Laurent Gbagbo avait finalement été arrêté en avril 2011 après plusieurs jours de bombardements de la force française Licorne. Yvette Reine Nzaba Notification:Non |