Journée internationale de la femme. : Nicole Bouquet Mikolo « Il ne faut pas réduire cette journée au port du pagne et à la réjouissance »

Mardi 7 Mars 2017 - 18:07

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À l’occasion de la journée internationale de la femme célébrée le 8 mars, Nicole Bouquet Mikolo, écrivaine, journaliste correspondante du magazine Amina au Congo s’exprime dans un entretien avec les Dépêches de Brazzaville sur cette journée symbolique, qui permet de rappeler que les femmes, dans les pays développés comme ailleurs, n’ont toujours pas les mêmes droits que les hommes.

Les Dépêches de Brazzaville: Nicole  Bouquet, le monde s’apprête à célébrer la journée internationale de la femme, peut – on avoir  votre sentiment sur cette journée ?

Nicole Bouquet Mikolo : Un sentiment plutôt optimiste. Depuis Beijing, il y a des avancées. Les femmes ont réalisé d’importants progrès sur la scène internationale. Au  Congo, elles sont de plus en plus entreprenantes. Leur présence au sein du gouvernement, dans de nombreuses directions et dans toutes les institutions de la République, est déjà un acquis. On peut aisément imaginer que cette tendance va se renforcer car le ton est, partout dans le monde, à une montée en flèche des femmes au sein même des institutions  nationales et  internationales. Le  8  mars,  journée  internationale des  droits des  femmes  est  un  jour très attendu par les  associations  féminines. C’est un rendez-vous obligé de l’année tant que l’égalité entre les hommes et les femmes ne sera pas atteinte, nous aurons besoin de la célébrer.

LDB : Depuis un certain temps, nous remarquons que le côté festif de cette journée est en train de prendre le dessus sur l’aspect éducatif ou le volet concernant la conscientisation des femmes. Cela n’est–il pas inquiétant pour les femmes qui, par ce comportement, se marginalisent de plus en plus et fragilisent leur action visant la reconnaissance de leurs droits souvent bafoués ?

NBM : Sous la couverture d’une journée accordée aux femmes, ces  dernières se « lâchent ». Quand on fait un tour dans les débit de boissons, on se  rend compte de l’ampleur du problème. Tout ce qui intéresse certaines femmes, ce ne sont pas ces débats autour de leurs propres causes, mais plutôt leur plaisir personnel. Sous  prétexte que les hommes sont toujours les derniers à rentrer à la maison alors pour une fois, c’est au tour de la femme. Ce jour-là, certaines femmes arrivent ivres à la maison, comme pour lancer un défi aux hommes. Et pourtant, les conséquences de ces actes sont  très dommageables à la famille. Très souvent, la plupart des femmes ignorent le thème du 8 mars de l’année. Pourtant, l’’acquisition du pagne est comme une obligation. La journée internationale des droits des femmes  n’est pas  un  jour pour s’encanailler,  faire des choses qu’on ne fait pas  d’ordinaire. C’est une journée de réflexion sur les conditions de la femme. La femme est définie comme gardienne des valeurs. Elle est le pivot du système social. Sans elle, une maison, voire une société peut difficilement fonctionner. Elle centralise toutes les activités de ces différentes sphères. Elle  doit  ce  jour-là  faire le bilan de ses acquis et  réfléchir  sur  son  futur.  Ceci  dit, le combat des femmes ne doit pas être un combat contre les hommes, mais avec les hommes. Si derrière un « grand » homme il y a une « grande dame », derrière une grande femme, il doit y avoir aussi un grand monsieur. Il faut  le reconnaître, les hommes sont d’un grand appui pour les femmes.

LDB: Que faire concrètement pour une véritable prise de conscience des femmes sur leur condition ?

NBM : Nous portons le pagne tous les jours. Il ne faut pas réduire cette journée au port du pagne et à la réjouissance. Il est temps d’encourager les femmes à réfléchir au-delà du paraître. Le plus important est de consacrer ce temps à une réflexion sur les conditions de la femme et à trouver  des  solutions. Il faut éviter la routine et donner un nouveau sens à cette célébration, en visant un changement de comportement chez la femme. En remplacement des festivités traditionnelles du 8 mars, la société civile et les entreprises peuvent consacrer leur budget à la sensibilisation et aux débats sur les grands problèmes que les femmes peuvent rencontrer.

LBB: Avez-vous un dernier mot ? 

NBM : Investissons  dans le potentiel  des filles  et des  femmes. Le  devenir de l’Afrique repose sur  elles. Femmes soyons  solidaires. Si l’autonomisation aide la femme, la solidarité la  sauvera. Ce ne sont pas les hommes  qui font subir les  traitements dégradants aux  veuves mais les femmes. Ce n’est pas la lame d’un exciseur qui mutile une fillette mais celle d’une exciseuse. Dans les familles, il y a rarement des conflits belle-fille et beau-père. Le conflit s’installe toujours entre la belle-fille qu’on  appelle « pièce  rapportée » et les femmes de la famille. Que  celle  qui maltraite une fille, une femme psychologiquement ou physiquement pense à sa  propre fille. Les changements au sommet commencent dans la plus petite cellule qu’est la  famille.

Propos recueillis par Hervé Brice Mampouya

 

 

 

Hervé Brice Mampouya

Légendes et crédits photo : 

Nicole Bouquet Mikolo crédit photo"Adiac"

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