Journée internationale de la femme : le public édifié sur le rite tchicoumbi

Mardi 13 Mars 2018 - 14:37

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Une conférence sur les bienfaits du rite de préparation au mariage pratiqué par l’ethnie vili a été animée, en marge de la célébration de la journée du 8 mars, par les sages des départements du Kouilou et de Pointe-Noire.

La cérémonie sur le tchicoumbi a été rehaussée à Pointe-Noire de la présence du Premier ministre, Clément Mouamba, de l’épouse du chef de l’Etat, Antoinette Sassou N’Guesso, des membres du gouvernement, du corps diplomatique et autres invités de marque.

C’est le président du conseil départemental des sages, Jean Baptiste N’Goma Mavoungou, orateur du jour, qui a développé, sans la moindre pudeur, les différents sous-thèmes suivants : l’adhésion involontaire de tchicoumbi ou kikoumbi ; les attributs de tchicoumbi ; l’éducation sentimentale et la raison d’être de ce rite.

Selon l’orateur, quand s’ouvre le rite kikumbi, il va sans dire qu’un mariage se prépare en secret. Un conjoint a pu être repéré ou alors la jeune fille a fait l’objet d’une démarche matrimoniale. La fille est prise par surprise, car kikoumbi ne s’annonce jamais à la future candidate, sauf à ceux qui ont décidé de lui faire subir l’épreuve. On lui tombe dessus avec la rapidité de l’éclair, au cours d’un psychodrame qui prend les allures d’un rapt, d’un guet-apens ou simplement d’un kidnapping. Il s’agit d’un rapport de force.

Une fois la novice séquestrée, le groupe de femmes (les matrones) prennent la jeune fille en charge dans une case isolée. Elle est alors âgée de 16 à 19 ans. Le rôle de matrone est assuré soit par un prêtre, une prêtresse, soit par les propres parents de la jeune initiée vili, parmi lesquels ses tantes maternelles ou paternelles, et ses sœurs.

Pendant la période d’incarcération collective de la jeune fille par des prêtresses et des majorettes, elle y subit une éducation sentimentale que se chargent de lui transmettre celles qui l’initient à sa future vie conjugale. Parfois, ces prêtresses se transforment en professeurs en sexologie et en initiation érotique en lui faisant prendre conscience des zones érogènes de son propre corps.

Les majorettes veillent à ce qu’elle respecte les interdits. La nuit, elles lui racontent des anecdotes. Tous les matins, elles ont l’obligation de lui appliquer la mixture rouge sur tout le corps. Ainsi, le corps de la fille est enduit d'un talc rougeâtre appelé « toukoula » obtenu grâce à la macération de l'écorce du kaolin.

Education sentimentale

La réclusion dure un à deux mois, une éternité pour la candidate mais une durée temporelle indispensable à l’efficacité du rituel. Le système n’est pas strictement carcéral. Certains soirs, au crépuscule, on opère une sortie pour aller faire danser la fille.

Par hypothèse, la virginité est de règle dans le système kikumbi. Il est de bon ton que la fille entre vierge au mariage (dans tous les sens du terme). Si la jeune fille a déjà perdu sa virginité, ses chances d’accéder à l’étape suivante (le mariage) seront à la discrétion de son futur conjoint, autant dire de sa future belle famille. Généralement, il y a une fin de non-recevoir.

Dans ce monastère traditionnel, la fille reçoit une éducation pré-matrimoniale. Kikoumbi est confié à des femmes (des matrones) dont la mission consiste à préparer la future mariée en lui signifiant qu'elle n'est plus une fille comme les autres même si les autres filles sont comme elles (en apparence). C’est une leçon de chose où l’on apprend à la jeune fille les fonctions naturelles de son corps. Il s’agit donc d’une école, d’un cours de sexualité, d’un discours sur le corps de la femme en vue de la préparer à recevoir le corps de l'homme, son futur conjoint.

Cette période de réclusion donne tout son caractère sacré à ce rite doublé d'un aspect théâtral. Le caractère théâtral est renforcé par les chants et des chorégraphies esquissés par tous les pensionnaires du kikumbi.

Durant tout le temps qu’elle restera enfermée, la jeune fille ne se lave pas, à l’exception des bains intimes et de bouche. Après l’ablution sabbatique qui marque la fin de tchicoumbi, la jeune fille est prête pour le mariage.

A la fin de l’exposé, pour lier la théorie à la pratique, quelques jeunes filles, originaires de la contrée, ont fait une démonstration de la danse tchicoumbi.

 

Yvette Reine Nzaba

Légendes et crédits photo : 

-Les danseuses de tchicoumbi -Une exhibition de la danse tchicoumbi ( Crédit photo Adiac)

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