Italie : vas te faire voir en Égypte !Mardi 20 Août 2013 - 15:10 Pas de trêve pour (contre) la ministre italienne de l’Intégration sur qui pleuvent les épithètes et les insultes en tous genres L’Italo-Congolaise Cécile Kyenge Kashetu ne connaît pas de répit, tout comme les flux d’immigrés clandestins vers l’Italie. Chargée de l’Intégration et première femme noire africaine à jamais faire partie d’un gouvernement en Italie, Cécile Kyenge concentre sur elle toute la hargne d’une extrême droite d’autant plus remontée qu’elle se sait en perte de vitesse. La ministre n’en démord pas : l’Italie sera « un pays normal » lorsque la loi sur le droit du sol, attribuant la citoyenneté aux enfants d’étrangers nés sur le territoire, le jus soli, deviendra effective. La ministre, qui plaide depuis des années dans son parti, le Parti démocratique (PD), pour une telle disposition légale, a redoublé d’efforts depuis sa nomination afin que les textes et les cœurs s’accordent sur ce fait de société. Mais les textes sont ce qu’ils sont alors que les cœurs restent assez rétifs à l’idée d’une Italie multiculturelle. Pourtant la loi, d’ailleurs proposée à l’époque par une majorité de droite, dit bien ce que prône la ministre. Seulement voilà : elle attend depuis une dizaine d’années d’être promulguée ! Cette apparente hésitation est le creux de la faille dans lequel se sont engouffrés les mouvements extrémistes opposés à ce que les Italiens versent dans une diversité à laquelle ils s’opposent de toutes leurs forces. Après la Ligue du Nord, qui a traité la ministre de ménagère analphabète, d’orang-outang, de promotrice de la polygamie, un de ses opposants appelant même à son viol public ou, carrément, à son assassinat, l’espace est occupé aujourd’hui par un mouvement non représenté à l’assemblée, Forza Nuova (Force nouvelle). Visiter les centres de rétention des clandestins, ou oser affirmer qu’il faut en améliorer les structures ? Forza Nuova s’étrangle : « Pourquoi la ministre n’irait-elle pas directement proposer son faux humanisme au Caire ? » Le jus soli, affirment les ténors de ce mouvement, finira par « transformer l’Italie en salle d’accouchement de l’Afrique ! » La clémence climatique de ces derniers jours a de nouveau favorisé l’arrivée de flux massifs de clandestins depuis l’Afrique du Nord, essentiellement des Égyptiens fuyant les violences de ces derniers jours dans leur pays. Parmi eux figurent aussi des femmes, dont certains sont enceintes. « Ouvrir un débat national sur la loi Bossi-Fini [sur l’immigration, NDLR] est un réel acte de responsabilité de la part de la ministre Kyenge. Cela aiderait à dépasser les normes inefficaces actuelles. C’est une question que ni le Parlement, ni le gouvernement ne peuvent éluder, mais j’ai mes doutes quant à la mobilisation réelle de la classe politique sur de telles questions aujourd’hui. » Cette affirmation, un peu en déphasage du sentiment ambiant, est de Mario Staderini, secrétaire du parti radical. Elle met pourtant le doigt sur une des difficultés à laquelle se heurte la ministre : l’absence d’une réelle volonté politique pour la soutenir (ou la combattre !), ceux qui s’expriment ne le faisant que du bout des lèvres. Les extrémistes se voient donc chaque jour pousser des ailes. Lucien Mpama |