Italie : Le contrôleur avait tout inventé !

Mardi 1 Août 2017 - 8:56

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Un contrôleur de train qui affirmait avoir été agressé par un immigré ghanéen a été confondu par les carabiniers.

L’affaire a fait grand bruit dans la péninsule. Il y a une semaine, les grandes pages des journaux montraient la photo de Davide  Feltri, 45 ans, contrôleur du train de 7h des chemins de fer italiens. Bras ensanglanté, il expliquait à qui voulait l’entendre qu’il avait été agressé par un étranger – un Ghanéen – qui n’avait pas de billet en règle à bord du train. Le parti xénophobe de la Ligue du Nord était sauté sur cette aubaine pour réaffirmer, à grands coups de poncifs, que tous ces étrangers devaient décidément être rapatriés et chassés d’Italie.

Mais il s’en est fallu de moins d’une semaine pour que les carabiniers, les gendarmes au savoir-faire reconnu, tirent le fin mot de ce qui n’était qu’une simulation finalement. L’homme n’avait pas été agressé, mais s’était infligé une blessure avec son propre couteau de cuisine. D’ailleurs, des images de lui postées sur Facebook quelques jours auparavant le montraient à côté de son couteau ! Le procureur de Lodi, M. Domenico Chiaro, a décidé en toute justice d’inculper le pseudo-agressé pour calomnie et simulation de délit.

Passant à table, le conducteur mythomane a expliqué avoir voulu attirer l’attention de sa société sur la surcharge de travail que leur procure l’arrivée de la saison touristique. Il a confié sa crainte à la presse qu’il soit licencié pour son geste stupide et aux conséquences désastreuses dans une Italie qui ne cesse de crier son ras-le-bol devant la pression migratoire. Bien soucieuse de bien mettre en évidence la trame de la simulation, la police dit vouloir poursuivre l’enquête pour s’assurer que l’homme n’est pas atteint de mythomanie.

Pourquoi avoir indiqué un Ghanéen comme auteur supposé de l’agression ? Parce que, la veille, il s’était querellé avec son voisin… ghanéen. Il avait donc transposé une querelle de voisins en un risque de métier. Silence dans les milieux de l’extrême-droite qui avaient monté l’affaire en boucle. Pas de condamnation d’une invention qui a pourtant eu, au moins, deux retombées négatives. Dans les jours qui ont suivi « l’agression », les étrangers ont été regardés avec encore plus de suspicion dans les transports publics. Ensuite, l’affaire a masqué une réelle agression survenue un peu plus tard à la gare de Briatico, en Calabre (sud). Ici, ce sont deux Nigérians qui ont eu maille à partir avec un contrôleur sain d’esprit avant de s’enfuir, l’agression terminée. Un train peut en cacher un autre, dit-on, une agression fausse peut en cacher une vraie aussi apparemment.

Lucien Mpama

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