Italie : baisse des détenus étrangers dans les prisons

Samedi 11 Janvier 2014 - 16:57

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Pour la première fois depuis une décennie les étrangers ne sont plus la majorité des détenus dans les centres carcéraux de la Péninsule

Les données concernant la réalité carcérale sont toujours sujettes à caution. Les chiffres bruts ne traduisent que difficilement la complexité d’une situation sensée traduire la photographie d’un ensemble d’infractions qui vont des plus légères aux crimes de sang. Deux prisonniers sont mathématiquement deux chiffres, mais les raisons qui les ont conduits à transgresser la loi peuvent varier considérablement suivant que l’acte a été commis pour la première fois, en récidive, en bande organisée, suivi de voies de faits ou même de meurtres ou non.

Toujours est-il que les associations italiennes saluent l’inversion d’une tendance qui a alimenté les discours xénophobes de ces dernières décennies et justifié les politiques les plus sévères sur l’immigration. Jusqu’ici l’équation était « clandestin = délinquant » et, donc plus tard, criminel. Les choses semblent changer désormais, car selon la Fondation Leone-Moressa qui s’occupe de droits de l’homme, sur les 14 000 nouveaux prisonniers que l’Italie a accueillis dans ses établissements l’an dernier, la majorité n’est plus constituée d’étrangers.

Ceux-ci sont 20% de cette masse, les Italiens de souche représentant 34%. La Fondation souligne que la population carcérale étrangère est en train de se redimensionner en Italie. En outre, les crimes et délits qui conduisent ces contrevenants étrangers en prison quittent de plus en plus la sphère de la gravité lourde pour se cantonner dans les délits : vol à la tire, prostitution mais également, hélas, trafic de drogue. Pourtant, se réjouit la Fondation Moressa, aucun Africain n’a été impliqué l’an dernier dans un crime de sang impliquant l’usage d’armes à feu, les délinquants du continent se retrouvant en prison, à 90%, pour immigration illégale.

La représentation africaine dans la réalité carcérale continue de désigner majoritairement les trois communautés les plus nombreuses en Italie : Marocains, Tunisiens et Nigérians. Mais les Africains, toutes nations confondues, continuent de représenter près de la moitié des détenus étrangers (46%) dans les prisons italiennes, même si entre le premier et le troisième de la liste, il faut intercaler les Roumains et les Albanais, citoyens européens venant tout de suite après les Marocains en nombre de prisonniers. Les associations et le ministère de la Justice n’invitent à tirer aucune conclusion de ces données : un prisonnier reste un prisonnier. Qu’il provienne du nord de l’Italie ou du sud de la planète n’enlève rien à son crime ou délit et ne le désigne à aucun prix Nobel particulier.

Lucien Mpama