Isis Ossebi : « Je veux être de ceux qui font bouger les choses »Samedi 4 Octobre 2014 - 6:00 Isis Ossebi, 23 ans, est stagiaire à la Mission permanente de la République Du Congo aux Nations unies Isis Ossebi vit depuis deux ans à New York, la ville qui ne dort jamais, tentaculaire et cosmopolite, une mégalopole dans laquelle elle se retrouve : « New York est une ville qui me ressemble et qui me forge. » La jeune femme est partie de son Congo natal il y a maintenant presque dix ans, avec son frère aîné. Ils se sont installés à Paris où elle a suivi une scolarité brillante. Isis passe son bac puis intègre l’American University of Paris et suit des études de politiques comparées. Bachelor en poche, elle se met à rêver d’ailleurs. Son choix s’arrêtera sur la New York University et son master de relations internationales dont elle est fraîchement diplômée, sa famille a d’ailleurs fait le voyage depuis Brazzaville et Paris pour assister à sa remise de diplôme. Pendant tout son parcours universitaire, Isis n’a eu de cesse de questionner le monde dans lequel elle évolue, les questions de gouvernance et de dépendance. Elle complète sa formation universitaire avec des stages passionnants : en 2012, elle participe à Brazzaville au Programme des Nations unies pour le développement en République du Congo ; au 1er trimestre 2014, elle est stagiaire au service de désarmement régional de l’ONU ; et la voici depuis maintenant deux mois, toujours à l’ONU, à la Mission permanente du Congo. En s’attelant aux questions de sécurité, de bonne gouvernance, de diplomatie et de développement, Isis observe en profondeur les rouages de la grande machine onusienne, analyse les mécaniques étatiques et internationales, les jeux de dépendance au sein de l’organisation. Lorsqu’on salue le parcours brillant de la jeune femme, Isis avoue que cette réussite est inhérente à une grande vitalité et à une curiosité insatiable : « Je ne suis pas du genre à savourer mes temps libres pendant des heures, confortablement installée dans un fauteuil, explique-t-elle. Je suis jeune, et c’est maintenant que je dois faire tout ça. » À cela s’ajoute un contexte familial exigeant : fille d’intellectuels et dernière après quatre garçons, elle doit « faire [ses] preuves. Il me faut de l’action, je dois me sentir utile pour exister. » Ce sentiment remonte à loin ; Isis se souvient du jour qui a marqué la fin de la guerre civile : « Je me souviens de ce jour-là et je me souviens avoir eu envie de jouer un rôle à cet instant. » Pendant son enfance, Isis voulait d’ailleurs être pédiatre pour cette même raison. Finalement elle choisit les sciences politiques, mais elle sait que son avenir l’amènera à venir en aide à des gens qui en ont besoin. En attendant, elle est volontaire à l’organisation Children of Bellevue à l’hôpital de Bellevue de New York, où elle participe à l’organisation d’activités et ateliers pour les enfants et adolescents de l’établissement. Isis navigue entre l’administratif et l’exécution des projets, ce qui lui permet de voir concrètement le résultat de ses efforts, une organisation à petite échelle. Isis est ambitieuse et elle sait depuis maintenant quelques années que sa place sera dans une organisation internationale œuvrant pour la paix et la prospérité. Éclairée par Nelson Mandela, la jeune femme défend l’idée qu’il faut être habité par une vision pour avancer, qu’une action personnelle va contribuer à construire une vision globale. Pour autant, Isis ne sait pas de quoi demain sera fait. Elle se voit volontiers à New York pour quelques années encore, mais aspire à retourner à Brazzaville auprès des siens. Son attrait pour la politique pourrait-il la conduire à viser le gouvernement congolais ? « La politique nationale n’est pas mon idéal. Je pense qu’il est possible pour chacun de nous de s’engager d’une manière ou d’une autre, mais je veux faire partie de ceux dont l’action directe fait bouger les choses. » Lorsqu’elle regarde son pays et sa diaspora, Isis souhaite un essor communautaire pour le Congo, que le sentiment national se développe, fédérer les citoyens pour aller dans la même direction, passer par l’unité que chacun s’affirme comme Congolais avant tout. Morgane de Capèle |