Interview. Fayelle Ouane : « Novartis Acces est né de la volonté de toucher les patients que nous n’arrivions pas à toucher par le passé »

Jeudi 1 Décembre 2016 - 15:32

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

Fayelle Ouane est la Responsable Afrique de l’Ouest et du centre de « Novartis Social Business » qui regroupe, d’une part, « Novartis Malaria Initiative » (programme d’accès aux médicaments dédiés au paludisme) et « Novartis Acces », nouveau programme mis en place par la multinationale pharmaceutique qui vise à rendre 15 médicaments plus facilement disponibles et plus accessibles pour traiter les maladies non transmissibles dans les pays à revenu faible et intermédiaire où l’accès aux soins de santé est souvent limité. En Afrique, Novartis Acces sera lancé en 2017, avant tout, dans huit pays : Sénégal, Burkina Faso, Togo, Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana, Nigéria, Cameroun et République démocratique du Congo.

 

Les Dépêches de Brazzaville : En quoi consiste votre travail au sein de Novartis ?

Fayelle Ouane : Mon rôle est de lancer le programme Novartis Acces en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, d’établir les partenariats avec les ministères de la Santé, les accords de distribution avec les agences et les organisations avec lesquelles nous allons travailler et établir également des partenariats dans le domaine du renforcement des capacités.

LDB : Où en est le processus de lancement actuellement ?

FO : On a eu une année chargée de réunions et de beaucoup de discussions. Nous avons approché un certain nombre de gouvernements à travers la sous-région. Les échanges sont plus ou moins avancés sur des versions initiales des protocoles d’accord et nous attendons les retours des différents ministères de la Santé afin de finaliser un accord qui puisse servir de guide dans l’exécution du programme dans les différents pays. Nous avons aussi commencé à approcher des partenaires en termes de renforcement des capacités notamment dans le domaine de l’éducation, afin de faire comprendre à la population l’importance des maladies non transmissibles, du diagnostic et du suivi sur le long terme et aussi le renforcement des capacités avec les professionnels de la santé.

LDB : Quelles sont les maladies qui sont ciblées et quels sont les médicaments qui seront distribués ?

FO : Nous avons ciblé les principales causes de mortalité. Il y a donc quatre grandes catégories : le cancer du sein, les maladies cardio-vasculaires qui incluent notamment l’hypertension, le diabète et les maladies respiratoires. La liste des médicaments a été établie en consultation avec l’OMS, avec des médecins et les ministères de la santé. Nous avons revu quelles étaient les listes de médicaments essentiels au niveau de l’OMS et des pays, quels étaient les traitements et les protocoles qui sont utilisés les plus fréquemment en vue d’avoir la liste la plus appropriée d’un point de vue médical et d’un point de vue clinique. Nous souhaitions avoir une liste qui inclut des médicaments utilisés depuis très longtemps et aussi des médicaments beaucoup plus innovants afin de permettre aux professionnels de la santé de bien prendre en charge ces pathologies, grâce à des médicaments de différentes classes qui puissent permettre une certaine flexibilité.  Notre objectif est d’aider les gouvernements à mieux prendre en charge ces pathologies. Cela implique un avantage en coût. C’est pour cela que nous privilégions l’approche portefeuille, parce que nous sommes convaincus qu’avec le portefeuille que nous offrons, qui couvre la plupart de ces maladies, nous pouvons permettre à ces gouvernements de réaliser des économies par rapport à leurs charges budgétaires des médicaments sur ces différentes catégories. Donc, on a essayé de se positionner de manière à nous permettre et à permettre aux gouvernements d’augmenter l’accessibilité aux médicaments de haute qualité pour leurs populations.

LDB : Qu’est-ce qui justifie le choix des pays ciblés ?

FO : Le choix de ces pays est stratégique. C’était important de sélectionner les pays sur la base de plusieurs critères. Le premier était celui de savoir quel est le besoin qui existe en termes de maladies non transmissibles et donc de manque d’accès aux soins et au traitement. On voulait vraiment avoir l’impact le plus important. Ensuite, il fallait choisir des pays dans lesquels les infrastructures de santé soient suffisamment développées pour permettre l’implémentation et la mise en œuvre du programme. C’est sûr qu’il existe de pays où en termes de capacité hospitalière ou en termes du nombre de médecins, nous n’allions pas pouvoir avoir les partenariats ou les ressources nécessaires pour mener à bien ce projet. Nous avons également pris en compte les pays qui figurent sur la liste « Acces to Medicine ». Ce sont des pays dans lesquels nous voulons commencer mais nous n’excluons pas les autres. Mais c’est important pour nous d’avoir une liste de départ mais nous restons ouverts à travailler avec d’autres pays s’ils manifestent la volonté et l’intérêt.

LDB : Dans ces pays, vous visez plus les zones urbaines ou les zones rurales ?

FO : Notre priorité se situe dans les zones rurales et les zones reculées. Le programme Novartis Acces est né de la volonté de la compagnie de toucher les patients que nous n’arrivions pas à toucher par le passé. Nos divisions commerciales sont déjà actives dans la plupart de ces pays et ont déjà une assez bonne couverture des centres urbains. Le travail n’est jamais fini, on peut toujours faire plus et nous sommes ouverts à voir comment mieux servir les centres urbains de ces pays. Mais notre objectif est de toucher les zones rurales, les zones reculées où il y a un manque de médicaments, où la prise en charge est complétement inadéquate pour avoir un impact à ce niveau-là.

 

LDB : Quels sont les objectifs chiffrés dans ces pays en termes de distribution de médicaments, renforcement des capacités, etc. ?

FO : Pour l’instant, nous avons des objectifs chiffrés du point de vue global. L’exercice qui nous reste à faire est de savoir comment on décline cet objectif global à un objectif par pays. Avec Novartis Acces, nous sommes actuellement dans une approche d’apprentissage. Nous avons beaucoup de questions, mais nous nous ne possédons pas toutes les réponses. Donc, il s’agit de voir comment, lorsqu’on va dans un pays, commencer par une approche pilote, à savoir vérifier ce qui marche et ce qui ne marche pas. Et selon la base de ce qui marche, on peut s’étendre sur une plus grande partie du pays. Donc, c’est sûr que nous avons des objectifs importants en termes de nombre de patients à toucher, de professionnels de santé à former et de campagnes de dépistage. Nous voulons vraiment avoir un véritable impact dans les communautés que nous allons approcher.  Mais, pour l’instant, nous sommes toujours en train de valider le modèle. Ce qui a marché au Kenya est peut-être différent de ce qui va marcher au Sénégal ou au Cameroun. Donc, dans chaque pays, il y a toujours cette ouverture à l’apprentissage et cette approche pilote qui nous permet de consolider nos acquis et de voir ce qui va nous permettre d’avoir l’impact le plus important sur le nombre des patients.

Novartis Access est un programme qui vise à traiter les maladies chroniques dans les pays à faible revenu. Il est axé sur l'accessibilité et la disponibilité de 15 médicaments Novartis génériques et brevetés ciblant des groupes de maladies-clés tels que les maladies cardiovasculaires, le diabète, les maladies respiratoires et le cancer du sein. Ce portefeuille de médicaments est proposé aux gouvernements, aux ONG et aux prestataires de santé du secteur public au prix d'un dollar par traitement et par mois.

Outre ces médicaments, Novartis Access propose des activités de renforcement des capacités afin de soutenir les systèmes de santé dans la prévention, le diagnostic et le traitement des MNT. Novartis prévoit de déployer ce programme dans 30 pays dans les années à venir, en fonction de la demande des gouvernements et des parties prenantes, dans l'objectif d'atteindre 20 millions de patients par an d'ici à 2020. Novartis Access fait partie intégrante de Novartis Social Business, une entité incluant la Novartis Malaria Initiative et les programmes Novartis Healthy Family, dont les activités opérationnelles sont gérées par Sandoz, la division de Novartis spécialisée dans les génériques et les biosimilaires.

 

Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

Fayelle Ouane

Notification: 

Non