![]() Interview. Dr Benoit Kebela : « En Guinée, les Congolais ont beaucoup apporté dans la gestion de l’épidémie d’Ébola »Dimanche 17 Août 2014 - 16:54 Le numéro un de la Direction de la lutte contre la maladie au ministère de la Santé publique, le Dr Benoit Kebela, a été à la tête de la délégation d’experts congolais qui s’était rendue en Guinée pour prêter main forte à ce pays dans la gestion de l’épidémie d’Ébola. De retour au pays, il s’est prêté aux questions de Dépêches de Brazzaville. Les Dépêches de Brazzaville : Vous revenez de la Guinée où sévit l’épidémie d’Ébola, quelle a été votre contribution ? Dr Benoît Kebela : Si la Guinée a fait appel à nous et le gouvernement a accepté de nous envoyer dans ce pays, c’est parce que nous avons de l’expérience dans la gestion de l’épidémie d’Ébola. Nous avons eu en RDC 6 vagues d’Ebola. Nous avons connu une autre épidémie de fièvre hémorragique à virus de Marburg à Watsha dans la Province Orientale. Nous avons donc de l’expérience dans la gestion de l’épidémie d’Ébola. En Guinée, nous avons beaucoup apporté dans l’organisation de la riposte à l’épidémie. Nous avons été nommés coordonnateurs dans chaque foyer. Moi, j’étais au niveau de la frontière entre Sierra-Leone et Libéria. Nous avons d’abord organisé les commissions, voir comment elles devraient travailler pour renforcer la surveillance, le suivi et le contact. Et nous avons aussi beaucoup apporté dans le contrôle de l’infection. LDB : Comment la Guinée n’arrive pas à contenir l’épidémie ? BK : C’est la première fois que l’épidémie d’Ébola soit déclarée en Afrique de l’Ouest. Donc, il n’y avait pas d’expertise parce qu’Ébola n’est pas comme le cholera. Quand vous ne savez pas le gérer, l’épidémie se propage. Grâce à l’organisation, l’épidémie à Conakry est sous contrôle. D’ici septembre, je pense qu’on peut aller à la fin de l’épidémie. Le grand problème demeure la sierra-Leone et le Libéria où il n’y avait pas d’organisation. C’est maintenant qu’ils commencent à s’organiser. Un autre facteur qui a fait que l’épidémie se propage vite en Guinée est que la population était peu coopérante. Le suivi de contact et le décès devaient être signalés par la population mais si celle-ci refuse, la situation devient difficile. Le déplacement des contacts a été aussi un autre obstacle. Vous pouvez lister un contact ici et quand vous vous rendez sur place, la personne n’est plus là. Et là où elle se rend, elle peut développer la maladie et la propager. C’est à cause de la stigmatisation que la population refusait de citer les contacts. LDB : Un cas suspect signalé à Kigali. D’où inquiétude à Goma, quelles sont les dispositions prises ? BK : Il faut savoir que le cas de Kigali n’est pas encore confirmé, nous attendons qu’il soit confirmé. Nous avons mis un grand dispositif au niveau du pays, nous avons le laboratoire de l’INRB qui a la capacité de confirmer en moins de 48 heures un cas. Pour le cas de Rwanda, toutes les dispositions sont prises au niveau de la province du Nord-Kivu. Nous avons renforcé le dispositif dans nos frontières et nous renforçons la surveillance en interne. Ayez vos apaisements, nous sommes en mesure de prendre en charge un éventuel cas. Nous avons apporté l’expérience ailleurs, et pourquoi pas chez nous. Propos recueillis par Aline Nzuzi
Aline Nzunzi |