Immigration: Matteo Renzi mécontent de l’Union EuropéenneSamedi 17 Septembre 2016 - 17:32 Le dernier sommet de l’Union Européenne à Bratislava s’est terminé vendredi sur des fâcheries. Rome se plaint du manque manifeste de solidarité. Ce n’est pas courant, mais cette fois le Premier ministre italien a piqué sa sainte colère. Matteo Renzi qui doit faire face à terme à un référendum constitutionnel qui pourrait décider de son avenir politique, et qui est attendu au tournant par une opinion de moins en moins sous son charme, attendait de ses pairs européens un peu de soutien surtout dans la lutte contre l’immigration. Il aurait également souhaité avoir de son côté plus de membres de l’Union Européenne mettant l’accent sur la croissance et moins sur l’austérité à laquelle l’Allemagne semble tenir mordicus pour équilibrer les comptes de l’Union Européenne. Au sommet de Bratislava, a regretté Matteo Renzi (qui a lancé une idée d’investissements lourds en Afrique pour assécher les sources de l’immigration clandestine), l’indifférence de l’Europe sur cette question est tout simplement affligeante. « Ils ont apporté un document (de travail) dans lequel on ne parlait même pas de l'Afrique », a-t-il déploré. « Est-ce qu'on va comprendre que s'il est juste de sauver tout le monde en mer, il n'est pas possible d'accueillir tout le monde seulement dans les Pouilles ou en Sicile » (sud de l’Italie), s’est emporté le président italien du Conseil. M. Matteo Renzi menace : soit « on accepte la thèse italienne et on va en Afrique, on fait des accords de coopération internationale et on bloque les départs en créant des occasions de développement ou alors on dit clairement qu'on est en train de perdre son temps ». Sa colère, le Premier ministre italien l’a montrée vendredi, en refusant de participer à une conférence de presse commune avec le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel, affirmant ne « pas partager les conclusions du sommet de la même manière qu'eux ». Au plan économique, Matteo Renzi n’est pas content de la démarche des 27 membres de l’Union Européenne. Fin août à Ventotene, en Italie, dirigeants français et allemand avaient semblé parler d’une même voix pour soutenir le « Plan Junker », 315 milliards d’euros d’investissement pour l’Afrique avec lequel le président de la Commission de l’Union Européenne, tout comme Matteo Renzi, veut brider les arrivées massives de migrants à la recherche d’un mieux-être en Europe. « Je ne crois pas qu'il soit juste que l'Italie fasse semblant de rien quand les choses ne s'améliorent pas », a protesté Matteo Renzi vendredi, une fois revenu dans son pays après le sommet de Bratislava. M. Renzi continue de se dire opposé à la politique du tout pour l’austérité et du strict respect des contraignantes règles du Pacte de stabilité de l’Union Européenne, que l’Allemagne ne cesse d’agiter comme un épouvantail contre les pays européens ayant, Grèce et Italie surtout, laissé filer leurs déficits. Pour le Premier ministre italien, l’austérité est une « recette fausse ». Ses règles, qu’elle continue de respecter toutefois, doivent l’être par tous, même si elles « ne marchent pas ». Il faut œuvrer à les changer. Matteo Renzi a martelé que son pays n’était pas prêt à « faire semblant de rien et servir de feuille de vigne pour les autres », visant sans doute l’Allemagne. Pour lui, l'Italie est livrée à elle-même dans la crise migratoire et les solutions qu'elle avance ne sont pas suffisamment prises en compte. Pour la première fois, le Premier ministre italien s’est mis à l’écart y compris de la France, partenaire politique et économique confirmée, qui a visiblement fait duo avec Mme Angela Merkel et l’Allemagne. « Si l’Europe ne veut pas investir en Afrique, nous allons le faire tout seuls », aurait affirmé le président du conseil italien. Ces énervements fournissent de l’eau au moulin de ses opposants à l’intérieur de son parti, le Parti démocratique (PD) dont il est le secrétaire général, comme à l’extérieur. Lucien Mpama Notification:Non |