Immigration clandestine : le cadavre d’un migrant jeté aux requins

C’est un véritable drame dans le drame qu’ont vécu une centaine de migrants partis des côtes libyennes pour tenter de gagner l’Italie dimanche. En pleine Mer Méditerranée, leur embarcation de fortune s’est retrouvée en difficulté. Pour des raisons que la justice italienne veut éclaircir, du mazout a été répandu dans les cales où étaient blottis des dizaines de candidats à l’aventure. Plusieurs d’entre eux ont été fortement incommodés par l’inhalation de ces vapeurs, qui ont fini par causer la mort d’un homme.

Mais au lieu de ramener le corps jusqu’au point de débarquement comme cela se fait souvent, le « capitaine » a décidé de jeter à la mer le cadavre de l’infortuné. Les requins savent repérer les navires en difficulté en Méditerranée ; ils n’ont fait qu’une bouchée du cadavre, devant les yeux horrifiés des survivants. Il faut rappeler que le prix de ce genre d’embarcations est compris dans le coût de la traversée. Pour les piloter, les gangs de trafiquants enseignent quelques rudiments de navigation en mer à un immigré après avoir empoché l’argent et les livrent entièrement à leur sort.

La police de la ville italienne de Raguse affirme avoir mis la main sur le pilote improvisé. Il s’agirait d’un Guinéen (non spécifié) désormais poursuivi pour immigration illégale mais aussi pour avoir infligé la mort aux passagers et d’avoir maltraité un ou plusieurs cadavres. Le témoignage des survivants a été capital pour arrêter l’homme, mais il est évident qu’il a servi, même malgré lui, de simple relais à cette entreprise d’immigration illégale, y ajoutant le geste inhumain de donner en pâture le cadavre d’un compagnon d’infortune aux requins.

Les débarquements de clandestins reprennent sur les côtes italiennes, l’arrivée de la belle saison chaude favorisant les départs depuis les côtes de Libye et même de Tunisie. Il y a trois semaines, une quarantaine de Congolais partis des côtes turques a été secourue par la marine d’Ankara dans les eaux entre la Turquie et la Grèce, ce qui est une première. « L’an dernier, nous avons enregistré 170.000 débarquements de migrants. Nous devons résoudre le problème à la racine. Ces migrants sont tous partis de Libye mais aucun n’était libyen ; la Libye n’est qu’une porte d’entrée », a estimé le ministre des Affaires étrangères italien, Paolo Gentiloni qui travaille activement à une solution négociée pour résoudre le chaos libyen.