Immigration clandestine: 104 sujets étrangers expulsés du Congo au premier trimestre 2015

Mardi 14 Avril 2015 - 15:45

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Dans le but de lutter contre la criminalité dans certaines villes du pays et l’immigration clandestine, le gouvernement congolais a lancé le 4 avril 2014, par le biais de la police nationale, l’opération « Mbata Ya Bakolo ». Dans une interview exclusive accordée aux Dépêches de Brazzaville, le porte-parole de la police, le colonel Jules Monkala-Tchoumou, revient sur les objectifs de cette action avant d’en dresser le bilan d’un an. 

Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : Favorablement accueillie par la population dès son lancement, l’opération « Mbata Ya Bakolo » semble, au fil de temps, perdre sa notoriété. Comment pouvez-vous expliquer cela ?

Jules Monkala-Tchoumou (JMT) : Nous voudrions d’abord rappeler à l’opinion nationale et internationale qu’il fut un moment où il y a eu une grande recrudescence de la criminalité dans certaines villes de notre pays, notamment dans les zones périphériques. La criminalité avait atteint un niveau à tel point que les populations commençaient à avoir ras- le- bol. En effet, des gangs parfaitement organisés et équipés d’armes blanches semaient la terreur et la désolation. Il y a eu une forte demande de la population et la police, sur instruction de son directeur général, le général Jean-François Ndenguet, avait mis en place une opération appelée « Mbata Ya Bakolo ».

Cette opération avait des objectifs précis. Il s’agissait particulièrement de lutter contre le grand banditisme et d’éradiquer le phénomène « Kuluna ». Tout le monde sait que ce phénomène venait de l’autre côté du fleuve et par voie de conséquence, il fallait également procéder à la destruction des baraques et de certaines églises de fortune qui servaient d’abri à ces bandits. Etant donné que la montée de la criminalité s’accompagnait également d’une présence très importante des sujets étrangers en situation irrégulière, l’opération « Mbata Ya Bakolo » avait aussi la mission de lutter contre l’immigration clandestine, en procédant au contrôle des étrangers, tout en reconduisant à la frontière, tous ceux qui n’étaient pas en règle.

LDB : Quel bilan pouvez-vous dresser un an après le lancement de cette opération ?

JMT : Il y a beaucoup de choses positives qui ont été réalisées, mais il y en a d’autres qui restent à faire. En tout cas, on peut retenir que le phénomène Kuluna qui sévissait dans notre pays, a été réduit à une très grande échelle. Il  n’a pas été, certes, totalement éradiqué. Les étrangers en situation irrégulière, surtout les ressortissants de la République démocratique du Congo (RDC) ont été reconduits en masse dans leur pays. Du coup, il y a une certaine sérénité que l’on observe dans nos principales villes, ainsi qu’une baisse de la criminalité. Au niveau de la circulation, il y a une certaine fluidité parce que bon nombre de chauffeurs qui conduisaient sans permis ont été démasqués et renvoyés dans leurs pays respectifs.

LDB : Si la première phase (avril à décembre 2014) concernant les ressortissants de la RDC a été appréciée par tous, celle qui a redémarré le 20 janvier dernier est boudée par la population. Comment expliquez-vous ce relâchement ?

JMT : L’opération se poursuit comme dans le passé avec un déploiement important des agents sur la voie publique. Cette fois, elle se déroule avec des actions ciblées sur la base des éléments bien précis. C’est ainsi que depuis le début de cette année, nous avons eu à rapatrier 104 individus dont 95 originaires de la RDC, deux Maliens, quatre Nigérians, un Sénégalais, un Camerounais et un Nigérien. Toutes ces expulsions ont été faites sans grand bruit avec le concours des autorités des différentes ambassades des étrangers interpellées. Pour la RDC, il y a des laissez-passer collectifs et pour les autres nationalités des laissez-passer individuels qui sont délivrés par leur ambassade respective. Donc, du point de vue du contrôle de la régularité du séjour des étrangers, la mission continue.

LDB : Quelle différence existe-t-il entre les deux phases de Mbata Ya Bakolo ?

JMT : La différence est tout simplement due au fait que lors de la première phase, il y avait des groupes importants qui étaient en vagabondage dans la ville. D’où, il fallait déployer un grand nombre de policiers pour pouvoir les interpeller. Mais aujourd’hui, il convient de signaler que bon nombre d’étrangers en situation irrégulière vivent discrètement. Pour la police, il s’agit de faire des opérations ciblées basées sur des renseignements, c’est-à-dire que, chaque fois qu’il y a des populations qui nous signalent la présence des étrangers en situation irrégulière, nous les interpellons et si cela s’avère vrai, nous procédons à l’expulsion.

LDB : En dépit de la poursuite de l’opération, on note dans les quartiers périphériques de Brazzaville, un retour massif de certains clandestins expulsés. Et, la population soupçonne certains agents de la police d’en être complices.

JMT : La présence dans notre pays des étrangers en situation irrégulière est de la responsabilité de tout le monde. C’est-à-dire, au niveau des frontières où il y a les services de sécurité, et dans les quartiers où ils s’installent. Ces étrangers sont hébergés par les Congolais qui leur donnent des maisons à louer. Très souvent, le Congolais ne prend pas soin de vérifier si l’étranger qui est en train de louer chez lui a des documents qu’il faut. La population doit savoir que notre pays a une législation sur le séjour des étrangers et nul n’est censé ignorer la loi. Il revient à tout un chacun d’apporter la pierre à l’édifice pour que la réglementation en la matière soit respectée.

La police n’est pas responsable de ce phénomène, il peut y avoir certainement des policiers qui brillent par le laxisme. Nous disons que le contrôle des étrangers relève également des missions traditionnelles de la police. A cet effet, des contrôles doivent se poursuivent et chaque fois qu’un étranger en situation irrégulière est appréhendé, il faut que ce dernier soit présenté à leur chef pour d’éventuelles opérations d’expulsion. Pour ceux qui se feront complices de l’immigration clandestine, ils savent qu’ils s’exposent aux sanctions disciplinaires très sévères.

LDB : Et pour conclure !

JMT : La police continue la lutte implacable contre les criminels, contre les groupes de bandits. De ce point de vue, nous tenons compte de ce que Brazzaville va abriter des grands évènements, notamment le Fespam et les Jeux africains. Les Jeux africains, sont un évènement très important qui va regrouper dans notre pays beaucoup d’invités, d’athlètes étrangers. Il est du devoir de tout un chacun d’assurer la sécurité de l’évènement, de ceux qui viennent et de contribuer à leur succès.

 

 

 

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Le colonel Jules Monkala-Tchoumou ; crédit photo Adiac