Gabon : le gouvernement obligé de démissionner

Mercredi 2 Mai 2018 - 15:08

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Le Premier ministre Emmanuel Issozet Ngondet a remis, le 1er mai, sa démission ainsi que celle de son équipe au chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, après la dissolution de l’Assemblée nationale par la Cour constitutionnelle, qui avait aussi demandé le départ de l'exécutif.

La démission du Premier ministre gabonais fait suite à la décision de la Cour constitutionnelle de mettre fin aux pouvoirs de la législature actuelle et sanctionner le gouvernement pour avoir été incapable d’organiser les élections législatives, deux ans après l’expiration du mandat des députés. Le Gabon aurait dû organiser des élections législatives avant fin avril, pour éviter que les députés siègent pendant un mandat supplémentaire sans être réélus. L’Assemblée nationale était donc considérée comme « illégitime » depuis le 29 mars.

« Force est de constater que le gouvernement n'a pas pu accomplir les missions qui lui sont dévolues, notamment la révision de la liste électorale depuis 2017 et la mise en place du Centre gabonais des élections, depuis janvier 2018 », a déclaré la présidente de la Cour constitutionnelle, Madeleine Mborantsuo, dans un communiqué. « Impossible pour les députés de continuer de siéger alors que leur mandat est épuisé depuis deux ans », a-t-elle expliqué.

A cet effet, le président de la République est prié de nommer un gouvernement de transition qui aura pour mission d’organiser les élections législatives. Le nouveau gouvernement sera responsable devant le président de la République, comme le veut la nouvelle Constitution gabonaise adoptée en janvier. Cette même équipe, après les élections législatives, sera obligée aussi de démissionner.

Le chef de l'Etat est libre de reconduire son Premier ministre ou de nommer une autre personnalité. La Cour constitutionnelle a décidé de transférer les pouvoirs de l'Assemblée nationale au Sénat, jusqu'à la proclamation des résultats des législatives, et de soumettre le contrôle du gouvernement au président de la République. Ce rôle est traditionnellement dévolu à l'Assemblée nationale. « On n'a jamais vu dans une République qu'une institution (soit) remplacée par une autre », estime Wilson-André Ndombet, politologue à l’Université Omar-Bongo de Libreville.

Le 30 avril, la Cour constitutionnelle gabonaise a dissout l'Assemblée nationale tout en demandant la démission du gouvernement qui a échoué dans l'organisation des législatives. Les commentateurs expliquent ces reports par les remous suscités par la présidentielle d'août 2016, dont les résultats donnant le président sortant, Ali Bongo Ondimba, vainqueur sont contestés par l'opposition. « Dans l'histoire du Gabon, c'est la première fois que l'on reporte autant de fois des législatives », indique le politologue.

Le Gabon se prépare à des législatives dont la date sera annoncée par la Cour constitutionnelle après avoir été saisie par le Centre gabonais des élections, une instance rassemblant des membres de la majorité et de l'opposition. Elle vient à peine de se mettre en place et a prêté serment ce 2 mai. Ce pays d'Afrique centrale est dirigé depuis 2009 par Ali Bongo Ondimba, fils d'Omar Bongo, président de 1967 à sa mort en 2009.

Josiane Mambou Loukoula

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