Attendu sur le fond et sur la forme, Emmanuel Macron a tenu à se distancier dès le début de son discours de la Françafrique, en rappelant que « les crimes de la colonisation européenne sont incontestables ». « La France entretient avec l’Afrique un lien historique indéfectible, écrit de souffrances, de déchirements mais aussi de fraternité et d’entraide », a-t-il poursuivi.
Le président français a, en outre, appelé l’Union européenne à s’engager pour un dialogue à un niveau continental. « C’est à cette échelle que les choses se jouent », a-t-il martelé, avant de développer les principaux défis du continent africain : le terrorisme, le changement climatique, la démographie et le marché du travail, l’urbanisation et la démocratie.
Emmanuel Macron est venu proposer à l'Afrique de construire « un imaginaire commun», fondé sur des partenariats. Il a proposé, par ailleurs, de réinventer le partenariat entre la France et l'Afrique, renvoyant souvent les Africains à leur responsabilité.
« L'Afrique est un continent incontournable car c'est ici que se télescopent tous les défis contemporains, terrorisme, changement climatique, pauvreté, démographie, urbanisation. C’est en Afrique que se jouera une partie du basculement du monde », a-t-il lancé. Et pour mieux y participer, il a présenté un conseil présidentiel français pour l’Afrique, dont les membres doivent être les « porte-voix » des jeunes africains, qui sont « en train de tourner une page ».
Parmi les multiples mesures annoncées en matière d’investissement dans l’éducation, le président français s’est prononcé pour la mise en place de visas de circulation de longue durée pour les Africains diplômés en France. Des partenariats seront développés dans l’enseignement supérieur et le secteur numérique, et la France accueillera « mille nouveaux talents africains chaque année ».
Reconnaissant qu’il n’avait « pas de leçon à donner » sur le fonctionnement politique des États africains ni sur les tensions internes, Emmanuel Macron a tout de même défendu que son rôle soit « de rendre la démocratie et l’Etat de droit irréversible ».
Une initiative contre les passeurs en Libye
Evoquant la situation en Libye, le chef de l'Etat français a annoncé qu’il présenterait, lors du sommet UE/Afrique à Abidjan, une initiative euro-africaine pour mettre un terme aux trafics d’armes et d’êtres humains. « La France apportera son soutien à l’évacuation des personnes en danger en Libye, où se produisent des crimes contre l’humanité », a-t-il indiqué, et de poursuivre que la France va aussi « travailler avec les Etats africains pour aider au retour dans les Etats d’origine pour les migrants africains qui ne remplissent pas les conditions du droit d’asile ».
Sur la restitution des œuvres africaines aux pays africains, Emmanuel Macron a précisé que « le patrimoine africain doit pouvoir être exposé en Afrique », avant d’annoncer que la France restituera, temporairement ou définitivement, les œuvres africaines des musées français d’ici à cinq ans. Le président français a aussi annoncé, pour 2020, une « saison des cultures africaines » en France, pour mettre en avant la scène artistique africaine contemporaine et non l’Afrique antique des musées.
Tous les documents français concernant l’assassinat de l'ancien président burkinabè, Thomas Sankara, en 1987, seraient «déclassifiés » pour la justice burkinabè qui en aura accès, a promis le président français.
A ceux qui critiquent la présence des soldats français en Afrique, il a demandé de "plutôt les applaudir" pour leur combat contre le terrorisme au Sahel. Quant au franc CFA, pour la France il s'agit, selon lui, d'un "non-sujet" car tout Etat désireux de sortir de cette monnaie arrimée sur l'euro est libre de le faire.
Enfin, Emmanuel Macron a défendu la Francophonie et le rôle du français dans tous les domaines artistiques. « Portez la Francophonie avec fierté ! Ne cédez à aucun discours qui voudrait enfermer le français comme langue morte ! », a-t-il martelé.