France : Jean-Yves Le Drian, caution régalienne du président Macron

Ce Breton de 69 ans, resté à la Défense durant tout le quinquennat du socialiste François Hollande, est l'un des deux seuls rescapés du gouvernement sortant dans la nouvelle équipe Macron.

"Le Drian apporte l'expérience. Or on en a besoin tout de suite, avec le sommet de l'Otan le 25 mai à Bruxelles" et celui du G7 dans la foulée en Italie, souligne François Heisbourg, président de l'International Institute for Strategic Studies de Londres. Apprécié des militaires, respecté par ses adversaires politiques, "il est populaire dans l'ensemble de l'électorat" et "a une formidable cote auprès de ses partenaires étrangers", relève l'expert.

Au côté de l'ex-président Hollande, il a engagé l'armée française sur quatre fronts, au Sahel, en Centrafrique, en Irak/Syrie contre le groupe Etat islamique (EI) et en France avec l'opération antiterroriste Sentinelle. Pendant cinq ans, Jean-Yves Le Drian qui, sous une bonhomie apparente, dissimule une vraie poigne, s'est inscrit dans la fidélité au chef de l'Etat. Mais lorsque François Hollande renonce à se représenter, il tourne le dos aux socialistes pour rejoindre le candidat social-libéral Emmanuel Macron qui, sans expérience internationale, décroche alors une "belle prise" dans le domaine régalien.

Au Quai d'Orsay, Jean-Yves Le Drian va apporter une connaissance intime des grands enjeux sécuritaires, de la lutte contre les groupes jihadistes à la défense européenne, et des crises régionales. Depuis 2012, au fil des interventions militaires, il a imprimé sa marque, du Proche-Orient à l'Afrique, au point de faire de l'ombre à ses homologues des Affaires étrangères d'alors, Laurent Fabius puis Jean-Marc Ayrault.  Intime des dirigeants subsahariens et arabes, de l'Egyptien Abdel Fattah al-Sissi au Tchadien Idriss Déby, il assume sans complexe ses liens avec des régimes souvent décriés en matière de droits de l'Homme. Son pragmatisme, sa discrétion et son sens du contact passent aussi pour la clef de ses succès à l'export, outre un contexte sécuritaire porteur. Sous sa houlette, les exportations d'armements français ont volé de record en record pour franchir les 20 milliards d'euros en 2016.