Les Dépêches de Brazzaville : Florence Makpolo, vous êtes la fondatrice de Congo action. Parlez-nous de votre association…
Florence Makpolo : Nous sommes spécialisés dans l'éducation. Au total, 34 personnes sont membres de l'association. On agit en RDC depuis 2006, et nos actions portent déjà leurs fruits puisque nous travaillons avec dix écoles – à Kinshasa, en province Orientale, à Kisangani également, et dans le reste de la RDC –, auxquelles nous fournissons des livres et une méthode pédagogique d'enseignement.
Les Dépêches de Brazzavile : Sur quoi repose votre méthode pédagogique ?
Florence Makpolo : C'est une méthode active et participative. L'enfant prend part au cours et ne passe pas son temps qu'à écouter le professeur. Et de ce point de vue là, je dois dire que j'ai été effarée au niveau de la pédagogie. Une fois, une enseignante m'a dit qu'elle ne leur faisait lire qu'un exercice de grammaire sans leur donner la parole en classe, sans qu'ils ne puissent poser une seule question !
Les Dépêches de Brazzaville : Quels sont vos objectifs pour 2014 ?
Florence Makpolo : On a envie que l'année 2014 soit portée sur le handicap. Nous avons déjà vu des structures, sur place, qui sont destinées à accueillir des enfants aveugles. Mais seulement 33 élèves aveugles y accèdent sur les 300 places disponibles dans l'établissement. Pourquoi ? Parce que les enfants aveugles sont situés principalement en périphérie, à Masina et à Kimbanséké. Et donc les écoles du centre de Kinshasa sont difficiles d'accès. Mais je crois qu'il y a davantage d'enfants aveugles qu'on ne le pense. C'est pourquoi, nous réaliserons prochainement un recensement plus approfondi des jeunes aveugles dans la ville de Kinshasa.
Les Dépêches de Brazzaville : Excepté le recensement, qu'avez-vous prévu pour l'année 2014 pour permettre aux enfants aveugles d'avoir accès à une éducation de qualité ?
Florence Makpolo : Nous allons apporter des livres en braille – je ne peux pas vous dire la quantité exacte pour l'instant –, notamment avec le soutien de l'Institut national des jeunes aveugles, en France, et de l'association Voir avec le coeur.
Les Dépêches de Brazzaville : Vous agissez également dans le domaine de la formation professionnelle. C'est un axe fort de votre engagement ?
Florence Makpolo : Nous travaillons avec le centre Don Bosco, qui forme des jeunes âgés de 16 à 20 ans. Et notre engagement aboutit à des résultats dont on ne peut que se satisfaire. Cette année, nous avons placé 31 jeunes en stage, en juillet dernier, dans les entreprises – six d'entre elles ont joué le jeu –, et cela s'est bien passé pour nos jeunes. L'une des société qui en a accueillie quatre (la société Congo Poultry, spécialisée dans l'élevage de volailles) a décidé de les embaucher après leur stage.
Les Dépêches de Brazzaville : Et quels sont vos objectifs pour 2014 en matière de formation professionnelle ?
Florence Makpolo : Nous avons une quarantaine de jeunes à placer. Et nous souhaitons mettre en place un projet intitulé « Découverte des métiers ». Parce que certains jeunes en formation aspirent à exercer des métiers qui nécessitent des formations que le centre d'apprentissage Don Bosco ne propose pas. Et cette année, nous avons un jeune qui ne rêvait que d'une chose : devenir cuisinier. À partir de là, nous sommes entrés en contact avec le restaurant Le Petit Trianon à Kinshasa, et chaque samedi il est en cuisine et le chef pense même à l'engager en tant que salarié.
Les Dépêches de Brazzaville : Vous agissez en RDC, mais vous habitez en France. Cela vous permet-il de créer des passerelles entre la France et la RDC ?
Florence Makpolo : Tout à fait, et nous sensibilisons beaucoup les jeunes Français à la situation de leurs homologues congolais. Et récemment, le collège Marx-Dormoy à Paris a collecté 3 000 euros qu'il nous ont reversés pour qu'on puisse financer un projet de formation afin de former des jeunes de la RDC aux métiers de l'électricité.
Contact : Congo'Action : congo.action@hotmail.fr / Facebook : Congo action.