Esclavagisme féminin : les Congolaises réclament l’application de la loi

Mercredi 25 Mars 2015 - 17:00

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À l’occasion de la Journée internationale en mémoire des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique célébrée cette année sous le thème « les femmes et l’esclavage », le centre d’information des Nations unies (CINU) a organisé le 25 mars une conférence débat intitulée « les nouvelles formes d’esclavage dont sont victimes les femmes ».

La conférence débat a été animée par la directrice Générale au ministère de la promotion de la femme et de l’intégration de la femme au développement, Joséphine Sika. Au cours de sa communication, elle a tout d’abord mis en relief la vie des femmes qui ont enduré une détresse insupportable, du travail forcé à l’exploitation sexuelle au cours des décennies sombres de la traite négrière. Ensuite, elle a développé les nouvelles formes connues actuellement dans le monde, en Afrique et au Congo, un pays actuellement classé 19ème sur la liste des pays pratiquant l’esclavage, selon l’enquête menée par l’association pour la lutte contre la traite des enfants en Afrique de l’Ouest et du Centre.

L’esclavage, a-t-elle dit, a été aboli depuis longtemps mais il existe encore aujourd’hui dans le monde entier sous de nombreuses formes : l’esclavage pour dettes, le travail forcé des fillettes et filles, les abus sexuels, le mariage forcé, le lévirat (le fait pour la femme d’épouser son beau-frère ou un parent de son défunt mari etc.) En un mot, elle a condamné le fait « que les victimes soient contraintes de travailler dans des maisons, des champs, des usines, des maisons closes, ou de se marier, elles ont toutes en commun d’être exploitées, maltraitées et de ne pas être libres ». 

Il est difficile a-t-elle dit, de lutter contre l’esclavage moderne qui reste caché et dont les victimes appartiennent souvent aux groupes sociaux les plus pauvres et les plus vulnérables ; la peur et la nécessité d’assurer leur survie les maintiennent dans le silence. Mais des lois contre l’esclavage moderne existent tant au niveau international que national, laissant espérer un avenir meilleur, a-t-elle reconnu. Au niveau national, elle a fait savoir que le projet de loi sur les violences se  trouve encore au secrétaire général du gouvernement.

 « Le Congo est l’un des pays qui a plus de textes pour protéger la femme mais, rien ne se fait en matière d’application. La loi que nous attendons impatiemment se trouve au niveau  du secrétariat général du gouvernement qui prend en compte toutes les formes de violence y compris le harcèlement sexuel. Tout dépendra de la force que les femmes auront pour que les textes soient appliqués », a-t-elle indiqué. « Le viol est considéré comme un crime, mais, pour que l’agresseur soit puni, il faut qu’il y est la tenue des sessions criminelles. Malheureusement les sessions criminelles ne se tiennent pratiquement pas dans notre pays », a-t-elle déploré. Par ailleurs, elle s’est dite surprise de la position qu’occupe le Congo (19ème) dans la pratique de l’esclavagisme.

« J’ai été choquée de voir mon pays listé en 19ème position comme pays pratiquant de l’esclavage. Si la Mauritanie est au 1er rang, le Congo ne peut pas occuper la 19ème   place, car nous n’avons pas les mêmes cultures », a expliqué Joséphine Sika, tout en précisant que le phénomène existe dans plusieurs départements du pays où les bantous utilisent les autochtones comme esclaves.

La journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage est célébrée le 25 mars ou aux alentours de cette date dans plusieurs pays, à travers le monde. C’est une occasion de se souvenir de ceux et celles qui ont souffert et qui ont perdu la vie du fait du système cruel de l’esclavage.

 

Yvette Reine Nzaba

Légendes et crédits photo : 

-Joséphine Sika lors de sa communication