Environnement : les grands mammifères africains frôlent l’extinction

Vendredi 12 Janvier 2018 - 19:34

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Une étude rendue publique le 10 janvier indique que les éléphants, hippopotames, girafes, bref toute la faune sauvage est régulièrement victime des guerres collatérales qui éclatent en Afrique.

L'analyse publiée dans la revue Nature met en avant l’espoir de la récupération des grands mammifères d'Afrique grâce à des mesures adéquates, mais elle souligne que 71% des zones protégées africaines ont été touchées par des conflits entre 1946 et 2010, parfois pendant des années. « Les trajectoires des populations sauvages déclinent avec l’augmentation de la fréquence des conflits », affirme l’étude, fondée sur l’évolution de 253 populations de 36 espèces de grands mammifères herbivores, dans 126 zones protégées de 19 pays africains.

Pour les auteurs de cette analyse, quelle que soit leur intensité (mesurée en nombre de morts humains), même une augmentation minime de la fréquence des guerres conduit ces populations sauvages sous le seuil de remplacement. L’étude ne donne pas le nombre total d’animaux disparus à cause des conflits, mais il fait état d’éléphants abattus pour l’ivoire, qui finance les combattants, ou antilopes chassées pour leur viande par des populations affamées. Dans la même optique, elle note que les grands animaux d’Afrique sont toujours des victimes collatérales de ces conflits, où certains périssent aussi directement sous les balles.

Joshua Daskin, qui a conduit ces recherches à l’université de Princeton, a affirmé que toutes les espèces sont victimes des guerres. « On pourrait s’attendre à ce que les éléphants soient plus touchés en raison de la valeur au marché noir de leurs défenses, mais il s’avère que l’effet du conflit demeure pour les autres animaux, buffles, zèbres, gnous, girafes, et beaucoup d’espèces d’antilopes, quand on enlève les éléphants des données », a-t-il expliqué.

Après avoir passé en revue d’autres indicateurs connus pour leur impact sur la faune (fréquence des sécheresses, taille des zones protégées, densité de population humaine, présence d’industries d’extraction...), l’étude indique que ceux-ci n’ont aucun effet aussi déterminant que la fréquence des conflits.

Les conclusions de cette analyse sont quelque peu différentes de celles d’autres études qui ont plutôt montré qu’au niveau local, une guerre peut avoir à la fois des impacts négatifs (munitions, braconnage pour la viande ou le trafic) et positifs (moins de pression humaine sur les zones protégées, déclin des industries extractives) sur la faune. Malgré cela, les auteurs de la présente étude estiment que la vision d’ensemble, sur des décennies et à l’échelle d’un continent, fait pencher la balance vers le négatif.

« Un effondrement total des populations est rare, montrant que la faune ravagée par la guerre peut s’en remettre », ont écrit les chercheurs, soulignant que malgré cela, tout espoir n’est pas perdu. Le texte insiste sur la nécessité de prendre des mesures drastiques et rapides après un cessez-le-feu. Les auteurs de l’étude évoquent en particulier l’exemple du parc national de Gorongosa au Mozambique, où ils ont travaillé. « Plus de 90% des grands mammifères avaient disparu suite aux guerres qui ont ravagé le pays entre 1977 et 1992, mais la faune sauvage est revenue à environ 80% des niveaux pré-guerre », a indiqué Joshua Daskin.

Le chercheur a parlé d’un exemple encourageant pour le Zimbabwe et relevé que ce qui s’est passé dans ce pays a été possible parce que les anciens combattants ont été embauchés comme gardes anti-braconnage, des programmes d’éducation des habitants initiés, la création d’emplois dans le tourisme a été effective. « Aider les communautés locales à retrouver une vie normale après une guerre est certes une priorité, mais cela peut se faire main dans la main avec la réhabilitation de la faune », a-t-il conclu.

 

 

 

 

 

 

Faith Samba

Légendes et crédits photo : 

Un éléphant et des hippopotames dans le lit de la rivière Mara, au Kenya. / Crédits photo: DR

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