Environnement : les bouteilles en plastique menacent aussi bien la santé humaine que l’environnement

Lundi 24 Février 2014 - 18:45

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Le Consortium panafricain des droits de l’homme et de la lutte contre la toxicomanie (CPDHLCT) a dressé un bilan très alarmant sur la gestion des bouteilles en plastique utilisées dans la vente de l’eau à la criée. Les Brasseries du Congo, les sociétés de vente d'eau embouteillée ainsi que les ministères concernés par la question, ont été informés des résultats de ce travail mené dans les ménages, les usines, les services, et tout autre lieu où l'eau en bouteille est consommée

Le décret n°0485/2011 du 11/07/2011 interdisant la fabrication, l’importation et la vente des sachets au Congo est entré en application au Congo depuis trois ans. Si cette décision semble être suivie en dépit de quelques cas d’incivisme enregistrés ici et là, force est de reconnaitre que les bouteilles en plastique contenant principalement des boissons, qui au demeurant étaient censées remplacer les sachets, constituent aujourd’hui un véritable problème à la fois environnemental et de santé publique.

Selon Victor Kaya, président du CPDHLCT, le risque de contamination et de propagation des maladies pulmonaires et contagieuses dans la population, du fait de l’utilisation des mêmes bouteilles en plastique, est en perpétuelle croissance. Les conditions hygiéniques dans lesquelles ces bouteilles en plastique sont tenues, sont douteuses surtout que les citoyens de situations sanitaires différentes se les échangent à longueur de journée, avec toutes les conséquences imaginables. Il est évident que le risque de contamination et de transmission des maladies multiformes est grand dans la population, incontestablement exposée à la tuberculose, à la pneumopathie, à la pneumonie et le choléra… 

« Pendant les saisons d’intenses canicules par exemple, tout le monde ou presque est tenté de se désaltérer à moindre coût dans la rue, à domicile, au travail, à l’usine, au chantier, en s’exposant au risque des maladies multiformes. Pourtant, ce phénomène mérite d’être une préoccupation majeure pour les ministères en charge de la Santé et de la Population, du Commerce et des Approvisionnements, de l’Énergie et de l’Hydraulique, de l’Environnement. La consommation obligatoire et automatique de l’eau achetée doit se faire à la régalade, afin de restituer la même bouteille au vendeur d’eau : c'est une pratique peu hygiénique . Ainsi, certains consommateurs d’eau dans la rue enfoncent leurs mandibules sur le goulot de la bouteille en se désaltérant. Ce qui expose dangereusement les populations, en particulier les consommateurs de cette eau, de potabilité douteuse, aux maladies tant hydriques que pulmonaires. Aussi, il n’est pas surprenant de voir dans les centres hospitaliers de la place un citoyen qui ne prend ni boissons alcoolisées, ni ne fume, souffrir fort curieusement de maladies pulmonaires », a poursuivi Victor Kaya.

Le CPDHLCT dénonce aussi les risques prévisibles de dégradation des sols, d’érosion massive et sans précédent, d’imperméabilité des sols, de pollution inestimable. Ces risques sont liés à la prolifération tous azimuts de bouteilles plastiques avec des conséquences très néfastes pour la biodiversité : appauvrissement des sols, inadaptation des sols aux activités agricoles et pastorales, saturation d’eau urbaine, profusion des moustiques. « La pollution et la toxicité sont évidentes et imminentes en cas de stockage, de manipulation, sans incinération et évacuation des déchets de ces bouteilles plastiques, à usage unique par les citoyens. Surtout, que le séjour dans le sol avant sa détérioration d’une bouteille en plastique usée, est d’environ 4.000 ans (le sachet usé peut séjourner 3.000 ans dans le sol) », a expliqué le président du Consortium africain.

Aujourd’hui, le constat fait sur l’état des villes est lamentable. Dans les caniveaux, poubelles, cours d’eau et autres décharges, les bouteilles usées s’amoncellent aux côtés d'immondices et détritus de toutes sortes. Avec la consommation croissante des boisons gazeuses et alcoolisées dans les grandes agglomérations, dépassant de loin la consommation d’eau potable embouteillée par les grandes sociétés de vente d’eau potable, le coût incitatif de l’eau en bouteille vendue à la criée, sans oublier la récupération des bouteilles d’eau minérale usitée dans les différents décharges et débarras, laissent entrevoir dans deux ans d’importantes conséquences pour la population et son environnement.

La suppression des sacs en plastique, loin d’avoir été un palliatif exclusif dans la lutte contre les érosions et la dégradation des sols, est une gangrène, un véritable problème de santé publique. La substitution dudit sachet par la bouteille plastique, dans le conditionnement de l’eau potable vendue à la criée, du jus de gingimbre, du yaourt, entraîne des maladies pulmonaires dues à l’utilisation des bouteilles en plastique de seconde main. Les objets en plastique étant de véritables vecteurs de microbes, parasites et virus, le CPDHLCT suggère la création d’une usine de sachet bio-autodégradables mais aussi que soit envisagé le recyclage des sacs en sachet, en lieu et place de leur suppression en s’inspirant de l’exemple de certains pays du continent. Aussi, le Consortium suggère-t-il que plusieurs mesures soient prises dans les différentes frontières (ports, aéroports) du pays pour empêcher l’entrée illégale des sachets. 

Hervé Brice Mampouya

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Victor Kaya, président du CPDLHLCT Photo 2 : Vue de bouteilles en plastique déversées dans la nature Crédit photos"ADIAC"