Éducation : le ministère de l’Enseignement supérieur réagit sur la situation des étudiants congolais au SénégalMardi 8 Juillet 2014 - 19:17 Suite à une manifestation du Collectif d’étudiants congolais de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, dans la matinée du 7 juillet, Les Dépêches de Brazzaville se sont rapprochées du directeur général des Affaires sociales et des œuvres universitaires, Jean Baptise Moussa, qui apporte quelques précisions Les Dépêches de Brazzaville : Plus de 120 étudiants congolais n’ont pu suivre les cours cette année à cause de l’augmentation des frais d’inscription qui sont passés de 150.000 à 200.000, voire 1 million de FCFA pour l’année de thèse. Les étudiants étaient-ils au courant de ces changements ? Comment entendez-vous décanter cette situation ? Jean Baptise Moussa : Depuis la rentrée académique dernière, l’université Cheikh Anta Diop de Dakar a décidé d’augmenter les frais d’inscription. Malheureusement cette décision frappe les étudiants congolais. À titre d’exemple, pour s’inscrire en troisième cycle, il faut payer 1 million au lieu de 200.000 comme avant. Les étudiants étaient bel et bien informés du changement de ces différents taux. De son côté, l’ambassadeur du Congo au Sénégal avait également informé les autorités. Donc, les étudiants demandent l’aide de l’État pour payer les frais d’inscription. Au total, nous avons 56 étudiants boursiers de l’État congolais et 55 étudiants non boursiers. LDB : Au niveau de l’Enseignement supérieur, quels sont les critères à remplir pour bénéficier d’une bourse d’étude ? J.B.M. : Nous remboursons les frais d’inscription pour les étudiants boursiers ; c’est-à-dire, lorsqu’un étudiant paie ces frais d’inscription, il nous fait parvenir son dossier que nous étudions et, dans la mesure des crédits disponibles, nous procédons au remboursement des frais d’inscription. Nous ne payons pas les frais d’inscription. La situation actuelle au Sénégal est que nous avons un total de 111 étudiants boursiers et non boursiers. Le total des frais d’inscription est de 41,150 millions FCFA dû par les étudiants congolais. LDB : Face à cette situation, qu’est-ce que l’État peut faire ? J.B.M. : Au moment où nous parlons, la situation est en train d’être examinée. À notre niveau, nous ferons une fiche pour nous adresser au ministre qui verra comment l’État peut intervenir pour aider ces étudiants. LDB : Dans une interview accordée à Radio France Internationale, l’ambassadeur du Congo a parlé d’une année quasiment perdue pour certains sauf pour ceux qui ont payé, car, cet événement, a-t-il dit, arrive au moment où le budget a déjà été voté. Ces étudiants attendront-ils l’année prochaine pour reprendre le chemin de l’université ? J.B.M. : Justement, vous savez que chaque année le Congo vote un budget, et nous ne pouvons que fonctionner sur la base de ce budget. Et voilà donc une situation qui arrive soudainement. À notre niveau nous ne voyons pas comment nous allons procéder pour engager ce montant et faire face à cette situation. Raison pour laquelle nous avons eu recours au ministre qui pourra peut-être voir dans quelle mesure régler ce problème. Mais on a peur que cela fasse tâche d’huile. LDB : Peut-on parler d’une année blanche pour ces étudiants ? J.B.M. : Nous ne le souhaitons pas. Mais il faut savoir que nous avons plusieurs types d’étudiants : les étudiants qui sont envoyés officiellement par l’État, notamment dans le cadre des bourses de coopération. L’exemple de l’IAI, un institut africain qui a signé des accords avec le Congo. Chaque année le Congo envoie officiellement les étudiants dans cet institut avec une participation financière pour son fonctionnement. Ici, nous sommes dans le cas où le Congo n’a envoyé aucun étudiant au Sénégal. En fait, ce sont eux-mêmes qui ont fait des inscriptions, ou leurs parents qui sont sensés connaître les conditions d’inscription. Donc, ce sont leurs parents qui doivent assumer. LDB : Dans quel pays le Congo envoie-t-il officiellement les étudiants ? J.B.M : Il s’agit des pays avec qui nous avons signé les accords de coopération. Il s’agit de : la Chine, Cuba, la Russie, la Tunisie, le Maroc, l’Algérie, etc. Chaque année, le Congo envoie les étudiants qui sont pris en charge par les deux pays partenaires. Avec le Sénégal, nous n’avons signé aucun accord. Mais, en dehors du Sénégal, nous avons aussi beaucoup d’étudiants au Ghana, au Bénin, au Canada, aux États-Unis, en Angleterre, en France en Namibie, en Inde et dans d’autres pays, qui ont été envoyés par leurs parents. D’après les textes en vigueur, lorsqu’un étudiant passe en deuxième année, s’il est citoyen congolais, il a la possibilité de demander une bourse à l’État congolais, et s’il respecte les critères d’attribution, la bourse lui sera accordée. LDB : Êtes-vous en contact avec les étudiants congolais en République démocratique du Congo qui sont rentrés précipitamment au pays suite à l’opération de police Mbata ya Bakolo, lancée en avril dernier ? Nous avons tout un dossier des étudiants rentrés de la RDC. Au total ils sont 1350. Parmi eux, nous avons les étudiants boursiers du ministère de l’Enseignement supérieur et du ministère de l’Enseignement technique et professionnel, et les non boursiers envoyés par leurs parents. La plupart d’entre eux ont choisi les filières qui n’existent pas au Congo. Pour certains, il faut peut-être attendre que l’État négocie leur retour afin qu’ils aillent achever leur formation. Pour ceux qui ont choisi la médecine ou les travaux publics, nous examinerons leur cas avec le rectorat s’il y a possibilité de les réinsérer. Pour les autres, nous tenterons de faire la réorientation ou de négocier avec les universités étrangères, mais à condition que ces universités aient des relations de coopération avec la RDC car se posera un problème d’équivalence de diplôme ou de niveau. Propos recueillis par Yvette Reine Nzaba
Yvette Reine Nzaba Légendes et crédits photo :Jean Baptise Moussa, directeur général des Affaires sociales et des œuvres universitaires. |