Ebola : l’Italie maintient une alerte vigilante sur son territoire

Lundi 22 Septembre 2014 - 19:00

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Plusieurs cas suspectés dans la péninsule mais aucun n’a été confirmé. La péninsule se maintient toutefois en éveil

La peur est dans toutes les têtes mais jusqu’ici l’Italie n’a enregistré aucun cas confirmé de virus Ebola. L’alerte reste toutefois maintenue au maximum, surtout en raison du fait que le pays ne cesse « d’accueillir » des vagues de migrants clandestins, surtout africains, faisant la traversée de la Méditerranée pour gagner l’île sicilienne de Lampedusa. Les risques d’une telle entreprise sont énormes. La Méditerranée s’est transformée en cimetière. Dans son fond gisent peut-être 20.000 corps anonymes, si l’on en croit les associations humanitaires et même l’Organisation internationale pour les migrations.

Mais la crainte est aussi que ceux qui parviennent à franchir les quelques 600km depuis les côtes libyennes, ne soient des hommes et femmes infectés par le virus. Les contrôles sanitaires sont stricts à leur débarquement sur les côtes ou même en mer, quand ils sont pris en charge par quelque navire de secours. Cela ne réussit toutefois pas à apaiser vraiment la crainte de ceux qui, de bonne foi ou par tactique politique, estiment que les immigrants représentent un réel danger à tous points de vue.

Il y a une semaine, un élu du parti xénophobe de la Ligue du Nord proposait même que tous les participants africains à l’Expo-2015, la prochaine exposition universelle qui se tiendra en juin prochain dans la capitale économique italienne, Milan, soient tout bonnement placés en quarantaine ! Proposition jugée farfelue et même (sans étonnement vu les ‘faits d’armes’ de la Ligue du Nord) carrément raciste par tous. Mais dans le fond, l’angoisse sourd toujours et les spécialistes n’entendent pas sous-estimer le danger d’une arrivée sournoise de ce virus létal en Italie.

À l’Institut national des maladies infectieuses Lazzaro Spallanzani de Rome, on n’entend prendre aucun risque. « Nous devons nous préparer aux cas surgissant brusquement, et les affronter de manière appropriée », recommande l’institut qui a déjà mis en place des cours de préparation pour le personnel de santé. Comment reconnaître les symptômes de la maladie, comment éviter la contagion, quels sont les premiers soins à administrer au malade et, surtout, comment faire en sorte que de soignants, les personnels de santé ne se transforment pas en vecteurs de la maladie : telle est la préparation à laquelle ont accepté de se soumettre infirmiers et médecins à partir de ce lundi.

Le directeur départemental de la santé de la région du Latium (Lazio, Rome et ses environs), Giuseppe Ippolito, indique que cette formation sera répétée 5 fois dans les prochains jours. Le but est de former au moins 150 formateurs qui, à leur tour, diffuseront l’enseignement reçu à des collègues et des proches, surtout aux services des urgences des différents hôpitaux. Il affirme que cette stratégie s’est forgée avec la récente épidémie de la SARS et du virus aviaire H1N1. « Les urgences ont un rôle prioritaire à jouer dans la lutte contre le mal. Elles sont les premiers points de contact avec les patients ».

De toute la péninsule arrivent des alertes qui, fort heureusement, laissent plus de peur que de mal. Comme les premiers symptômes du virus Ebola sont une forte fièvre, la majorité des cas signalés se sont révélés des coups de paludisme mal soignés. Les suspects étaient des personnes revenues récemment de Côte d’Ivoire, du Sénégal ou du Nigéria et accusant des fièvres élevées. Soumises tout de suite à l’isolement, les diagnostics ont infirmé la crainte première. Mais la multiplication de ces alertes a eu le mérite de maintenir le personnel de santé en éveil.

Car si aucun cas d’Ebola n’a été confirmé jusqu’ici, et si le ministère de la santé juge minimes les probabilités d’une irruption épidémiologique, la vigilance reste de mise.  Sans pour autant que cela empêche l’Italie de se déployer aussi sur le terrain de la solidarité. Lundi, alors que s’ouvraient les travaux d’un sommet européen consacré notamment à Ebola à Milan, la ministre italienne de la Santé appelait à ne pas laisser l’Afrique seule. « Pour l’Italie, il est extrêmement important de travailler encore plus en Afrique si on veut interrompre la chaîne de transmission de la tragique épidémie Ebola », a lancé Mme Beatrice Lonrenzin devant ses pairs.

Lucien Mpama