Droits humains : des ONG dénoncent un déni de justice pour les victimes de crimes sexuels en RDCMercredi 4 Décembre 2013 - 16:31 Dans un rapport publié à Kinshasa, la Fédération internationale des droits de l’homme (Fidh) et ses organisations membres ont appelé à l’implication de tous en vue de changer la donne. La Fédération internationale des droits de l’homme (Fidh) et ses organisations membres ont procédé, le 4 décembre, à l’hôtel Sultani, à Gombe, à la publication officielle de leur rapport sur l’accès à la justice, par les victimes des crimes sexuels en RDC. Ce rapport présenté à la presse, aux autorités congolaises, à la communauté internationale et à d’autres ONG est un fruit de près d’une année de travail ainsi que de plusieurs missions de terrain effectuées par cette fédération et ses ONG membres et partenaires. Il est intitulé « RDC, les victimes de crimes sexuels obtiennent rarement justice et jamais réparation. Changer la donne pour combattre l’impunité ». Dans ce rapport-plaidoyer, la Fidh et les ONG membres déploré qu’en RDC, la justice ne bénéficie pas aux victimes de crimes sexuels. Elles ont relevé que ces dites victimes de crimes sexuels sont confrontées à des obstacles insurmontables pour obtenir justice et réparation. « Le coût des procédures est prohibitif et les décisions de justice rarement appliquées », y est-il constaté. Ce rapport a, en effet, noté qu’à chaque étape de la procédure, les victimes doivent payer des frais de justice et verser d’autres sommes d’argent conséquents à l’administration congolaise afin que les enquêtes et poursuites soient effectivement menées. « Même le certificat d’indigence, qui permet de réduire certains coûts de la procédure, doit s’acheter entre vingt cinq et cinquante dollars américains », ont noté Fidh et ses ONG membres. Ces dernières ont également souligné qu’en l’absence de ce certificat, et comme condition préliminaire à toute réparation, les victimes sont systématiquement obligées d’avancer six pourcents du montant total de l’indemnisation décidée en leur faveur pour la percevoir. « Ceci les empêche, en fait, de recevoir toute réparation », ont-elles conclu, soulignant le faible pouvoir d’achat de la population congolaise. Une mobilisation tous azimuts Dans la présentation de ce rapport, le Vice-président de la Fidh et président du Groupe Lotus (GL), Dismas Kitenge, le secrétaire exécutif de la Ligue des électeurs (L.E) Sylvain Lumu, la présidente de Sofepadi, Julienne Lusenge, la coordonatrice de cette publication, Karine Bonneau, et Mè Patrick Nsasa, de l’Asadho, ainsi que tous les intervenants lors des échanges ont convenu de la nécessité de l’implication de tous, en plus de tout ce qui est fait, pour arriver à changer la donne. « Il y a des avancées parce que le gouvernement a reconnu les faits et en parle, parce qu’il y a une attention soutenue de la communauté internationale mais, les victimes continuent à attendre. C’est un problème qui concerne tout le monde parce que toute femme congolaise est une potentielle victime », a souligné la présidente de Sofepadi. Dans leur plaidoyer, Fidh et ses organisations membres ont souligné le soutien de la communauté internationale aux efforts de justice en RDC, face à l’ampleur et à la gravité des crimes. Elles ont, par ailleurs noté des progrès réalisés. Mais, selon cette plate-forme et ses membres, les procédures en cours ne concernent que très rarement les plus hauts responsables. « Trop d’accusés, même en cours de jugements, demeurent libres. Peu de jugements sont définitifs et effectifs », ont déploré ces organisations. Elles ont également fait remarquer que les personnes condamnées parviennent très souvent à s’évader et que les indemnisations prévues pour les victimes ne sont jamais versées. « La justice ne bénéficie finalement pas aux victimes de crimes sexuels en RDC », ont-elles appuyé. Lucien Dianzenza Légendes et crédits photo :La présentation du rapport par le Fidh et ses organisations membres. |