Droits de l’homme : l’OCDH dénonce le meurtre d’un autochtone à Sibiti (Lékoumou)Samedi 10 Août 2013 - 13:00 L’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH) et deux autres organisations des droits de l’homme ont exprimé le 9 août à Brazzaville, au cours d’une conférence de presse, leur indignation suite au meurtre d'un autochtone le mois dernier à Sibiti (département de la Lékoumou) « Malgré les nombreuses séances de sensibilisation menées dans les 97 campements abritant les peuples autochtones, campements du reste jumelés aux villages bantous afin d’assainir les relations entre ces deux couches sociales, celles-ci demeurent conflictuelles », a déclaré le président de l’Association pour la promotion socioculturelle des autochtones du Congo (Apsac), Jean-Denis Toutou-Ngamiye. C’est dans ce climat malsain que les trois ONG ont, au cours d’une conférence de presse, tenu non seulement à dénoncer ce crime, mais surtout à déplorer l’attitude des autorités qui n’ont pris jusque-là aucune sanction exemplaire à l’endroit des auteurs de cet acte. Rappel des faits. Après avoir participé à une cérémonie traditionnelle le 20 juillet, Antoine Mangoto, père de famille âgé de 49 ans, a été appréhendé dans sa concession familiale au village Moukanda (district de Sibiti) aux environs de cinq heures du matin par des policiers en patrouille. Après l’avoir embarqué dans leur véhicule, ces derniers l’ont conduit à cinq kilomètres de Moukanda, précisément à Mongo, et roué de coups. Constatant que le sujet était décédé de ces violences, le crâne fracassé, les policiers ont abandonné le corps sans vie de l’infortuné au milieu de la route pour maquiller leur crime en accident de circulation. La famille de la victime, assistée du président de l’Apsac, a informé les autorités de la localité, dont le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Sibiti qui a procédé au constat. Une plainte a été déposée. Malheureusement, a déploré l’OCDH, les présumés auteurs, bien que connus de leur hiérarchie, sont libres de tout mouvement et toujours en service. Cette situation, a rappelé l’OCDH, qui dénote de la banalisation du crime, vient confirmer la vulnérabilité et la discrimination dont sont victimes les populations autochtones en dépit de la promulgation de la loi n° 5-2011 du 25 février 2011 portant promotion et protection des droits des peuples autochtones au Congo. Les trois ONG craignent que la procédure initiée par la famille de la victime ne reste sans suites. Face à ce constat, elles recommandent au gouvernement d’instruire les autorités judiciaires de Sibiti afin que les présumés auteurs soient mis aux arrêts pour qu’ils répondent de leur crime au cours d’un procès juste et équitable, et de prendre des mesures concrètes pour dédommager la famille du disparu conformément à la loi. Elles ont en outre exhorté le gouvernement à diligenter le processus d’élaboration des textes d’application de la loi du 25 février 2011 portant protection et promotion des droits des personnes autochtones qui jusque-là dorment dans les tiroirs de l’Administration. Jean-Jacques Koubemba Légendes et crédits photo :Photo : Les représentants d'ONG dénonçant le meurtre d'un autochtone. |