Drame du 4-Mars : les forces de l’ordre dispersent la marche des sinistrés de Kanga-MbandziJeudi 1 Août 2013 - 15:42 Sortis très tôt le 1er août devant l’hôpital de base de Talangaï, dans le sixième arrondissement de Brazzaville, pour faire entendre leur voix au cours d'une marche, les sinistrés du quartier Kanga-Mbandzi ont été dispersés par la police qui a fait usage de bombes lacrymogènes Les manifestants reprochent, entre autres, aux autorités le manque de communication sur l’avenir de ce quartier dévasté par les explosions meurtrières du 4 mars 2012. « Nous ne connaissons pas les projets du gouvernement pour notre quartier. Que les autorités nous disent quelque chose de concret. Aucun plan cadastral n’est monté actuellement alors que c’est ce qui pourrait nous rassurer. Jusqu’à aujourd’hui, nous ne savons pas si nous devrons quitter le quartier ou non. Bientôt, c’est la saison des pluies, il nous faut des garanties », a expliqué un des manifestants. Ils reprochent également au gouvernement de ne pas accorder d'attention particulière aux sinistrés résidents dans le quartier Kanga-Mbandza, notamment en ce qui concerne la prise en charge alimentaire. « Nous avons même rendu service au gouvernement en restant chez nous au lieu d’aller encombrer les sites d’hébergement. Nous mangeons et vivons à notre manière, il faut que le gouvernement nous communique son programme, surtout le plan cadastral pour connaître ceux qui vont devoir partir », a-t-il poursuivi. Selon un autre manifestant, les autorités avaient promis de déplacer les sinistrés de ce quartier le 6 juillet. Suite au retard pris, certaines personnes ont commencé à refaire leur toiture. Les sinistrés craignent aussi de revivre les mêmes problèmes qu'à l’orée de la rentrée scolaire dernière où certains d’entre eux ne savaient pas dans quelle école inscrire les enfants. Ils ont par ailleurs condamné la réaction de la police et de la gendarmerie qui ont fait usage de bombes lacrymogènes pour les empêcher de revendiquer leurs droits. « Un enfant de quatre ans a reçu du gaz lacrymogène, ce qui n’est pas acceptable. Notre souci est que nous ne connaissons pas le projet du gouvernement pour le quartier », ont-ils insisté. D’après une femme, dont les deux fils ont été interpellés par la police pendant le mouvement, la démarche entreprise par les jeunes était pacifique. « Les policiers ont arrêté mes deux enfants, il faut qu’ils les libèrent. Notre problème est que nos maisons ont été détruites », s’est-elle plainte. Christophe, un jeune du quartier, faisait lui aussi partie des manifestants. Pour lui, il suffirait que l’État indique clairement sa position concernant Kanga-Mbandzi afin d’apaiser les esprits : « Nous voulons marcher pour connaître la vérité, la position de l’État vis-à-vis de notre quartier. C’est bientôt la saison des pluies, nous avons dû manifester dans la rue sans autorisation. » D’autres ne veulent pas entendre parler d’expropriation. Ils demandent ouvertement la reconstruction de leurs maisons. « Les tentes ne répondent plus, bientôt c’est la saison des pluies, nous vivons dans de mauvaises conditions, nous sommes mêmes obligés de braver le froid. Ce que nous demandons c’est la reconstruction de nos maisons, il n’est pas question d’argent, nous avons perdu notre papa et notre frère qui s’occupaient de nous », a déclaré une femme, la quarantaine révolue. Rappelons que le gouvernement a entrepris depuis quelques mois des travaux de reconstruction des maisons détruites dans la zone du sinistre, dont certains sont avancés. Parfait-Wilfried Douniama Légendes et crédits photo :Photo : Les forces de l’ordre positionnées devant l’hôpital de base de Talangaï. (© Adiac) |