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Disparition : Jacques Loubelo tire sa révérence

Vendredi 27 Septembre 2013 - 10:00

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Ce géant de la musique congolaise est mort mercredi 25 septembre en début de soirée au centre hospitalier universitaire de Brazzaville, où il avait été admis depuis quelques jours

La mort de Jacques Loubelo, qui était à la fois guitariste, auteur compositeur et interprète, représente une perte immense pour la musique congolaise, qui voit ses grands noms disparaître peu à peu.

À 73 ans, Jacques Loubelo avait encore beaucoup à donner aux mélomanes. Sa mort intervient alors que le public l’attendait le 24 septembre à l’Institut français du Congo et le 29 au bar La Détente à Bacongo (deuxième arrondissement de Brazzaville).

Artiste visionnaire, Jacques Loubelo avait composé en 1984 la chanson Congo, à une époque où la question du tribalisme et du régionalisme ne préoccupait pas les Congolais. Une œuvre produite par IAD (Industrie africaine de disque) avec le concours de Freddy Kebano, arrangeur et ingénieur du son. Cette chanson, qui invite les Congolais à l’unité, demeure toujours d’actualité. Pour preuve, elle est reprise par nombre d’artistes de la nouvelle génération (notamment dans le célèbre refrain des Patrouilles des Stars), et interprétée à toutes les grandes manifestations nationales.

Les Congolais, jeunes et vieux, ne résistent pas au plaisir de chanter quelques mélodies de l’artiste : Congo’o, ékolo monéné to bosana té Congo (Congo, grand pays), To lingana é é é, to yokana é é é, to salisana malamu bongo to bonguissa Congo… (Aimons-nous, entendons-nous, soutenons-nous pour construire le Congo).

Son répertoire était très riche avec des chansons comme Morobe, Mutampa, Ntima luaka, Ya Samba, Lubuka, sans oublier la célèbre Ngando, qui a bouleversé les habitudes alimentaires des Congolais, faisant manger le fameux « ngando » (caïman) à ceux qui regardaient sa viande avec désintérêt ou mépris. Traditions obligent ! Le morceau, repris par les antennes nationales comme générique pour une émission de cuisine, est connu de tous… ou presque !

Un héritage musical pour la jeunesse

Lors de la célébration de ses cinquante ans de carrière, en janvier 2011, Jacques Loubelo s’était dit très préoccupé par la qualité de l'héritage musical légué à la jeunesse congolaise, dont il pensait qu’elle ne jouait plus son rôle de pionnier. D’où son invite au gouvernement de mener une véritable politique d'orientation de la jeunesse, notamment par la création de structures appropriées pour leur permettre d’échanger avec l’ancienne génération.

Cette icône de la scène musicale congolaise était aussi une grande gueule qui savait revendiquer ses droits. Jacques Loubelo n’avait pas hésité à dénoncer l’oubli de la Nation à son égard. Le message était passé, car le 21 juin 2013 – la date est significative –, le ministre de la Culture lui remettait sa médaille.

Né à Poto-Poto Djoué en 1940, Jacques Loubelo a été élevé dans la commune de Bacongo et éduqué chez les prêtres catholiques. Il a commencé sa carrière dans le groupe Les Cheveux crépus, un mélange de folklore et de modernité. Il a vécu de longues années en Suisse avant de rentrer à Brazzaville où il est remonté sur scène le 25 avril 2009 au Centre culturel français de Brazzaville, l’actuel Institut français du Congo.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Jacques Loubelo (© DR).