Croissance économique : les dirigeants africains admettent la nécessité d'une transformation structurelleSamedi 31 Mai 2014 - 11:39 Les dirigeants africains et le Fonds monétaire international (FMI) ont convenu, lors d'une conférence les 29 et 30 mai à Maputo, de la nécessité d'une "transformation structurelle" visant à faire profiter les citoyens ordinaires du formidable essor économique du continent Même si l'Afrique subsaharienne fait partie des régions connaissant le plus fort taux de croissance au monde, la pauvreté écrasante et les récents troubles au Mali, en Centrafrique, au Nigeria et au Soudan du Sud, ainsi qu'une possible récession en Afrique du Sud, tempèrent l'optimisme officiel sur "l'essor de l'Afrique", thème de la conférence de Maputo. « L'Afrique subsaharienne devra redoubler d'efforts pour profiter au mieux de ses abondantes ressources naturelles et s'assurer que les fruits en soient équitablement partagés. (...) Les politiques doivent être décidées de manière à ce que la croissance stimule aussi la transformation structurelle », indique la déclaration finale de la conférence. Corruption, contrats louches et mauvaise gestion ont peu amélioré le sort de l'homme de la rue, même si les richesses minières ont drainé des milliards de dollars dans la région. Le réseau routier est toujours déficient (16% de routes goudronnées) et l'approvisionnement en énergie laisse à désirer. Selon la directrice générale du FMI Christine Lagarde, l'Afrique subsaharienne doit investir plus de 90 milliards de dollars par an pour mettre ses infrastructures à niveau. Christine Lagarde a aussi mis en garde contre les risques qui menacent les économies de la région, notamment si l'appétit des pays émergents pour les matières premières venait à faiblir.« Il y a clairement eu une tendance solide de croissance, même pendant la crise financière, c'est surprenant. Il y a aussi des grands problèmes à résoudre, et des risques potentiels à l'horizon », a-t-elle déclaré. Faites un retour en arrière. Comment était-ce il y a 10 ans? , s'est cependant réjoui la responsable. L'exemple du Mozambique, qui accueillait la conférence, illustre ces propos. Une guerre civile qui a fait près d'un million de morts a été suivie par une décennie de croissance rapide, grâce aux ressources naturelles. Maputo est désormais dominée par des grues de chantier, tandis que de nouvelles voitures dévalent de nouvelles routes construites par des entreprises chinoises. La majorité des Mozambicains sont néanmoins restés très pauvres et se plaignent du chômage endémique. Pour le Fonds monétaire international, l'Afrique doit mettre ses infrastructures à niveau Les économies africaines ont besoin d'investir 93 milliards de dollars par an pour mettre leurs infrastructures à niveau, afin d'accompagner et soutenir leur forte croissance, a estimé jeudi la directrice générale du FMI, Christine Lagarde. Reconnaissant le formidable développement de l'Afrique subsaharienne ces dernières années -avec une croissance d'environ 5,5% encore attendue cette année-, Christine Lagarde a souligné que le retard du continent en matière d'infrastructures, des axes de transports à la production d'électricité, restait un sérieux handicap. « Seules 16% des routes (d'Afrique) sont goudronnées, contre 85% en Asie du Sud. Ces lacunes représentent des coûts énormes pour les entreprises, et pour les gens », a-t-elle déclaré à l'ouverture d'une conférence à Maputo consacrée à l'essor de l'Afrique. Ces trois dernières décennies, la production d'électricité par habitant n'a pas augmenté, a-t-elle aussi relevé. « Des infrastructures de haute qualité peuvent être susceptibles d'attirer les investissements étrangers », a noté Christine Lagarde. La patronne du FMI a qualifié d'"absolument remarquables" les progrès réalisés par les pays africains ces dernières années, en grande partie grâce aux revenus tirés de l'exportation de ressources naturelles. Mais la conférence de Maputo doit aussi examiner les risques qui menacent les économies de la région. Le premier d'entre eux est une baisse des exportations, si la croissance devait ralentir davantage dans les principaux pays émergents, et surtout en Chine. Ce dernier est particulièrement friand des ressources africaines, comme le cuivre, le pétrole et le gaz, pour fabriquer des objets de consommation courante qui alimentent le monde entier. En outre, la pauvreté reste immense. Avant la conférence, les groupes de défense des droits de l'homme ont remis en cause la vision optimiste de l'essor de l'Afrique. « L'Afrique n'est pas en essor pour les citoyens ordinaires », a regretté la directrice de l'ONG Oxfam International, Winnie Byanyima. Un argument que ne conteste pas Christine Lagarde. "Permettez-moi d'être franche. Dans de trop nombreux pays, les revenus provenant des industries extractives sont accaparés par quelques-uns", a-t-elle lancé jeudi. "L'exploitation minière peut représenter une part importante de la production et des exportations, mais contribue souvent relativement peu aux recettes budgétaires et à la création d'emplois", a ajouté la responsable. Après avoir salué pendant des années le développement économique de l'Afrique, les décideurs réunis à Maputo évoquent maintenant une deuxième phase de croissance qui verrait les progrès profiter à tous. AFP |