Crise migratoire : plus de 60 milliards d’euros pour freiner l’afflux des migrants vers l’Europe

Jeudi 9 Juin 2016 - 16:46

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Pour s’attaquer aux causes profondes des migrations, la Commission européenne envisage de débloquer cette importante somme, en vue de stopper les traversées mortelles de la méditerranée de nombreux Africains et autres vers le continent européen.

C’est dans cette optique que la commission a présenté mardi les financements d’une telle valeur aux pays africains, dont les citoyens sont souvent tentés d’émigrer vers l’Europe. Dans son adresse lors d’une rencontre consacrée aux questions migratoires, le vice-président de la commission européenne, Frans Timmermans, a insisté sur le bien-fondé du plan d’investissements pour l’UE, inspiré du « plan Juncker ». « Nous proposons de nouveaux partenariats, en commençant avec un premier groupe de pays », a-t-il expliqué devant le parlement européen, citant l’Ethiopie, le Niger, le Nigéria, le Mali, le Sénégal, mais aussi la Jordanie et le Liban.

Ce plan vise non seulement à s’attaquer aux causes profondes des migrations, mais aussi à donner aux Africains des perspectives d’avenir chez eux, via le financement de projets concrets. Il revêt toute son importance en ce sens que depuis que l’immense afflux de migrants venant de la Turquie s’est tari, grâce au fragile accord entre l’UE et Ankara conclu en mars, la route maritime depuis l’Afrique est redevenue la principale porte d’entrée clandestine en Europe. Et les traversées de la méditerranée effectuées par les intéressés ont été toujours périlleuses puisque, selon le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), depuis 2014, plus de 10.000 migrants ont perdu la vie en méditerranée, en tentant de rejoindre l’Europe.

L’ambition de ce nouveau plan était déjà au cœur du sommet de La Valette, qui avait réuni en novembre à Malte des dirigeants des deux continents. A cette occasion, la Commission avait mis sur la table un fond de 1,8 milliard d’euros, que les Etats membres étaient censés doubler, mais à ce jour, cet objectif est encore loin d’être atteint.

Le plan proposé par la Commission est « un mix d’incitations positives et négatives », a déclaré Frans Timmermans, qui a fait planer la menace de « conséquences pour ceux refusant de coopérer », notamment sur le plan commercial. Il voulait en quelque sorte s’assurer une coopération des pays ciblés dans ce le cadre du plan de l’UE qui prévoit à court terme de diriger 8 milliards d’euros d’ici 2020, en provenance de fonds déjà prévus pour l’aide au développement, vers les pays-clés concernés.

Le plan de l’UE prévoit à plus long terme de mobiliser « jusqu’à 62 milliards d’euros de fonds publics et privés dans l’économie réelle », à condition que les 28 et leurs partenaires soient déterminés à mener à bien ce projet sur les migrations. Il s’agira d’abord de mettre sur la table 3,1 milliards jusqu’à 2020, avec l’espoir de déclencher « des investissements additionnels privés et publics jusqu’à 31 milliards », que les Etats membres de l’UE et d’autres partenaires seront appelés à doubler.

L’Europe attend par ailleurs d’obtenir des pays africains, comme cela a été fait avec la Turquie, qu’ils luttent davantage contre les passeurs et acceptent les réadmissions de leurs ressortissants ayant reçu dans l’UE l’injonction de retourner dans leurs pays. Selon les chiffres de 2014, moins de 40% des migrants irréguliers contraints par les Etats européens de rentrer chez eux, l’ont fait effectivement en partie, en raison d’un manque de coopération et de moyens des pays d’origine.

Outre l’immigration clandestine, la Commission a pensé aussi à la réforme du système européen de migration légale, avec l’espoir d’attirer davantage une main d’œuvre hautement qualifiée, via son système dit de « carte bleue ». Les propositions de l’exécutif européen sur ces formes de migrations devront être approuvées par les Etats membres avant le sommet de l’UE prévu les 28 et 29 juin à Bruxelles.

 

 

Nestor N'Gampoula

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