Crise en Libye : le parlement sortant s’emploie à détrôner le nouveauMardi 26 Août 2014 - 20:13 La Libye, un pays déjà miné par les affrontements entre milices rivales, fait face aujourd’hui à une crise institutionnelle. Le parlement transitoire sortant, le Conseil général national (CGN) dominé par les islamistes, s’emploie à reprendre ses activités en chassant le nouveau parlement composé en majorité par des libéraux. En juin dernier, un nouveau parlement avait été mis en place, mais avec le chaos qui s’est installé dans le pays, il a du mal à se faire entendre. Le Conseil général national, l’ancien parlement qui tient à tout prix continuer à légiférer, use ces derniers temps d’un prétexte pour y parvenir : il a déclaré vouloir sauvegarder la souveraineté de la Libye. C’est dire qu’au moment où des avions encore mal identifiés continuent de s’attaquer aux positions des groupes islamistes autour de l’aéroport de Tripoli, au plan politique une autre crise s’annonce à l’horizon puisque les islamistes ne veulent pas donner le temps au nouveau parlement de faire ses preuves. La légitimité du parlement élu est contestée par les islamistes qui accusent le pouvoir en place d'être complice de raids aériens de ces derniers jours contre leurs positions. Sur ces raids, les islamistes accusent également l’armée égyptienne, une accusation que le président Abdel Fattah Al-Sissi a rejetée. À la vérité, le nouveau parlement contesté soutient les opérations militaires de l’armée considérée comme loyaliste contre les groupes islamistes. L’ancien parlement contrôlé par les islamistes et dont le mandat a expiré en juin, a nommé le lundi 25, un nouveau premier ministre. La Libye va donc se retrouver avec deux Parlements et deux gouvernements. Pour chercher à mettre un terme à cette situation, les ministres des Affaires étrangères des six pays voisins de la Libye ont appelé simultanément le 25 août au Caire, à l’arrêt immédiat des hostilités et au désarmement de toutes les milices. Tous les pays directement menacés par le chaos libyen, notamment la Tunisie, l’Algérie, le Tchad et l’Egypte ont réaffirmé dans la capitale égyptienne, qu’ils étaient effectivement les principaux intéressés par ce qui se passait en Libye. Ils ont souligné dans un communiqué final qu’ils devaient être « partie prenante essentielle dans toute initiative régionale ou internationale sur la Libye ». Les dirigeants de ces pays ont en outre accusé l’occident d’avoir abandonné la Libye dans le chaos après l’intervention militaire des forces alliées - formées entre autres de la France, de la Grande Bretagne et des Etats-Unis -, mais également le Qatar qui soutient certaines milices islamistes. Le constat que l’on fait est que le chaos libyen menace de déstabiliser des pays voisins et favorise la contrebande d’armes par des milices terroristes ou djihadistes qui contrôlent actuellement plusieurs régions importantes de la Libye. C’est surtout pour cette raison qu’au Caire, les ministres des Affaires étrangères de l'Algérie, de l'Egypte et de la Tunisie ont décidé de renforcer leur coopération stratégique sur la Libye. L’option militaire est exclue pour l’instant comme l’a souligné à l’occasion le président égyptien al-Sissi. Par ailleurs, en réponse à l’accusation des pays arabes, les États-Unis et ses alliés européens ont d’abord condamné l’escalade des combats et des violences, avant de dénoncer les interférences extérieures en Libye qui exacerbent les divisions. Le nouveau parlement a choisi le Colonel Abdel Razzak Nadhouri comme chef d’état-major des armées. Il remplace le général Abdessalam Jadallah Oubeidi qui a été auditionné le 10 août par l’institution sur l'incapacité de l'armée à faire régner l'ordre notamment à Tripoli et Benghazi, deux villes contrôlées par les milices armées. Rappelons que la Libye est en plein chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi, tué par les forces françaises sous mandat de l’Otan en octobre 2011. Depuis, de nombreuses milices se sont formées dans le pays et les autorités ne parviennent pas à les maitriser.
Nestor N'Gampoula et Fiacre Kombo (Stagiaire) |